Pause et rotation sectorielle sur les marchés
Points clés
Accalmie : même s'ils ont fortement progressé cette année, les marchés boursiers marquent une pause cet été. Ce phénomène saisonnier est courant.
Le momentum reste positif : malgré une chute des marchés américains, européens, japonais et émergents dans de faibles volumes, ils restent tous à des niveaux substantiellement plus élevés qu'en octobre 2022.
Selon nous, la vigueur des marchés d’actions des pays développés est liée à la résilience des bénéfices des entreprises, des marges bénéficiaires et des flux de trésorerie toujours solides, ainsi qu’aux financements à long terme (par émissions obligataires) à des conditions attractives car sécurisées avant la remontée des taux.
Le timing pour un changement éventuel de notre opinion actuelle positive à l’égard des actions (en place depuis fin novembre 2022) dépendra de si et quand les nuages d’une récession mondiale deviendront bien visibles. Oui, il y a des déceptions au niveau de la zone euro et de la Chine. Toutefois, les États-Unis, le Japon et l'Amérique latine continuent d'afficher une croissance résiliente. Nous pensons donc que nous ne sommes pas encore à ce stade de décision pour les actions mondiales. Mais cela ne restera vrai que si les taux d'intérêt à long terme se stabilisent ou diminuent.
Sur le plan régional, nous maintenons notre opinion positive à l'égard des actions mondiales, privilégiant la zone euro, le Royaume-Uni, le Japon et l'Amérique latine (cette dernière a surperformé les États-Unis au cours des 12 derniers mois - voir graphique).
Principales recommandations
La santé constitue un secteur défensif de premier plan qui a systématiquement surperformé les autres secteurs défensifs et qui bénéficie de la tendance de fond liée au vieillissement de la population. Nous restons positifs sur la santé.
Restez diversifiés, en incluant des valeurs cycliques bon marché et solides (énergie, financières européennes).
Côté pays, le Japon, l'Europe et l'Amérique latine apparaissent plus attractifs que les États-Unis.
Faites preuve de prudence et de sélectivité dans les segments de marché aujourd’hui chers tels que les biens de consommation de base, certaines grandes capitalisations technologiques américaines et certains biens de consommation cycliques : le pouvoir de fixation des prix diminue et les bénéfices d'exploitation sont mis à rude épreuve par la hausse des coûts. Certains ratios cours/bénéfice très élevés sont difficiles à justifier.
Les principaux risques sont que la Réserve fédérale américaine ou la BCE relèvent leurs taux d'intérêt plus que prévu, déclenchant un ralentissement économique plus marqué, voire même une récession. La liquidité devrait baisser au cours des prochains mois, notamment aux États-Unis.
Une forte correction du marché américain de l'immobilier résidentiel ou commercial pourrait peser sur la consommation, voire se traduire en des prêts non performants.
Perspectives des actions
Pause sur les marchés d'actions après un excellent départ en 2023
Depuis le début de l'année 2023, l'économie s’est montrée fort résiliente, ce qui a conduit à une reprise générale des marchés d’actions. C'est tout particulièrement le cas aux États-Unis où la récession attendue (si elle se produit effectivement) n'interviendra probablement pas avant 2024. Les statistiques économiques ont été plus vigoureuses que prévu , en particulier dans le secteur des services . L’épargne forcée accumulée pendant les années Covid ainsi que la vigueur du marché du travail soutiennent les salaires et la consommation. A noter que l’économie des services ralentit dans de nombreuses régions du monde (même si elle reste solide), tandis que celui de l'industrie manufacturière semble avoir atteint un point bas (voir la section 2 à la page 5).
La situation est moins réjouissante en Europe, où plusieurs pays sont à la limite de la récession, notamment l’Allemagne. L'Europe continue de souffrir de la crise énergétique qui fait suite à la guerre en Ukraine et de la volonté de plusieurs pays de l'OPEP + de limiter l'offre afin de faire monter les prix du pétrole.
En Chine, la croissance de l'économie reste modérée, affectée par la crise immobilière. Les mesures de relance prises jusqu'à présent se sont révélées insuffisantes pour restaurer la confiance dans l'économie (plus d’informations en page 8, section 5 : notre vision sur les actions asiatiques). La production manufacturière est particulièrement déprimé ce qui a également eu un impact négatif majeur sur le redressement du secteur mondial des matériaux et sur les exportateurs européens. Les actions chinoises ont donc été décevantes en 2023 (voir le graphique ci-contre).
Le segment vedette de ce début d'année est bien entendu les actions de la « Mega Tech » américaine grâce à l’engouement autour de l'intelligence artificielle (IA). Ces actions sont maintenant richement valorisées et en train de se consolider. Par conséquent, nous suggérons également de regarder d'autres segments qui bénéficient de l'IA, tels que les moteurs de l'IA, les semiconducteurs et les secteurs dont la productivité devrait sensiblement s'accroître, à l'instar de la santé. Cette dernière est en retard sur le reste du marché au premier semestre, mais elle surperforme désormais et est prête à percer (cf. page 7/section 4).
Plusieurs secteurs sont à la traîne. Pour poursuivre le rebond des marchés, il faudrait donc que l'on assiste à un élargissement du nombre de secteurs et d’actions en hausse. Les secteurs de la santé et de l'énergie se redressent et semblent être bien placés pour poursuivre leur rebond (cf. page 7/section 4).
D'autres secteurs se sont inscrits en hausse et ont surperformé au cours des derniers mois, à l'instar des valeurs financières européennes, où nous continuons de préférer les banques de détail solides dans les pays du cœur de la zone euro car leurs valorisations sont toujours très bon marché. Les REITs européens sont également en voie d'amélioration car nous sommes probablement proches du pic des taux d'intérêt et des rendements obligataires. En outre, les REIT européens semblent désormais prendre à bras le corps leurs problèmes de bilan.
Globalement, nous restons positifs sur les marchés actions avec une préférence pour les régions en dehors des Etats-Unis (les actions américaines sont déjà bien valorisées, surtout les grandes capitalisations).
Notre vision sur les actions asiatiques
Manque de clarté sur les perspectives économiques de la Chine à court terme
•La réunion du Politburo fin Juillet avait relancé l'espoir de mesures immédiates pour relancer la confiance des consommateurs et des entreprises, d'un renforcement du soutien au marché immobilier et de la résolution des problèmes d'endettement des gouvernements locaux. Toutefois, la lenteur des mesures d'assouplissement, les problèmes d'endettement de Country Garden et les récents défauts de paiement dans les trusts et produits de gestion de fortune ont encore refroidi le sentiment déjà fragile. Les récentes baisses des taux directeurs de la PBoC se sont avérées insuffisantes pour inverser la tendance, même si nous pensons que le risque systémique au sein du système financier est limité.
•Notre scénario central ne prévoit pas de relance massive à court terme, mais des mesures d'assouplissement ciblées de manière « réactive » plutôt que « proactive », ce qui va à l'encontre de ce que les investisseurs attendent. Les autorités semblent disposées à tolérer une croissance plus lente pour atteindre leur objectif à long terme de « prospérité commune ». Toutefois, tout nouveau retard dans la mise en œuvre d’une réponse décisive pour restaurer la confiance et relancer la demande intérieure risquerait d’entraîner une détérioration rapide de l'économie, ce qui nécessiterait ensuite une expansion budgétaire encore plus coûteuse et plus importante pour relancer la croissance.
•Les anticipations du marché restent très basses et les valorisations attractives. Toute bonne surprise dans les mesures de relance effectives serait la bienvenue. La conviction de la part du marché financier que toute relance est suffisamment importante pour déclencher un revirement significatif de la dynamique économique sera ainsi clé. La volatilité va rester élevée, alors que nous identifions des opportunités dans certains secteurs plus favorables comme les véhicules électriques, les biens de consommation de base et les biens durables, Internet, la technologie et le tourisme car ces secteurs sont à l'abri du ralentissement de l'immobilier.
Allocation sectorielle : certains secteurs jusque-là à la traîne se redressent
Comme nous nous y attendions, une rotation sectorielle est en cours, bénéficiant aux secteurs en retard de la santé et de l'énergie
Les derniers chiffres économiques ont généralement été assez décevants, notamment en Chine et en Europe. Toutefois, cette faiblesse était attendue et une récession sévère est déjà intégrée dans les cours. Ainsi, tirez avantage de la faiblesse des valorisations de certains secteurs et actions cycliques pour accumuler des positions.
- L'été est généralement la période la plus difficile pour les actions. Parmi les secteurs défensifs, nous conservons notre préférence pour la santé. Il s'agit d'un secteur surperformant sur le long terme et qui bénéficie des tendances de fond liées à l'innovation, au vieillissement de la population et à l'intelligence artificielle.
- Les investisseurs prudents peuvent se diversifier vers d'autres actions solides et/ou bon marché et/ou qui payent de bons dividendes comme l'énergie, les valeurs financières européennes et les services aux collectivités de bonne qualité et qui bénéficient de la transition énergétique.
- Nous éviterions les valeurs technologiques et de consommation richement valorisées après les récentes surperformances. Ces secteurs sont chers et corrigent actuellement. En outre, le consommateur est de plus en plus réticent à accepter les fortes hausses des prix à la consommation observées depuis début 2022.
Avant l'été, nous recommandions de revisiter les secteurs qui avaient "injustement" sous-performé au premier semestre. En particulier, à côté de la santé, nous recommandions le secteur de l'énergie car nous anticipions une poursuite de la reprise de la demande, tandis que l'offre resterait limitée.
- Le secteur de l'énergie a été le plus performant cet été avec un rebond des prix du pétrole de 70 USD/baril à environ 90 USD aujourd'hui. Le marché du pétrole restera conditionné aux décisions de l'Arabie Saoudite et de la Russie. Du côté de la demande, la reprise des voyages, la solidité économique dans de nombreuses régions et le développement du commerce en ligne soutiennent les prix du pétrole.
- En revanche, le secteur des matériaux a enregistré une performance mitigée en raison des faibles perspectives de l'activité manufacturière, notamment en Chine. Les valorisations du secteur sont toutefois très attractives.
- La technologie étant chère et confrontée à de nouveaux problèmes, n'oubliez pas qu'il existe d'autres véhicules pour surfer sur la tendance de l' IA, y compris des entreprises dans la santé, les services, l’industrie, certaines financières et services aux collectivités qui vont bénéficier de gains de productivité !
- Le secteur immobilier européen coté se redresse mais souffre encore des incertitudes liées à son refinancement, sa croissance et ses dividendes.
Cet article a été réalisé par Edmund SHING, Global Chief Investment Officer et Alain GERARD, Senior Investment Advisor, Equities
Source :
Pour consulter le document complet, cliquez ici.