Interview de Roger Keller, responsable stratégie d’investissement, BNP Paribas Wealth Management.
Quels sont les principaux éléments de contexte à prendre en considération pour apprécier l’intérêt de ce thème d’investissement ?
Roger Keller : En matière de démographie, nous assistons à un phénomène mondial de croissance des populations âgées. D’ici 2050, selon les Nations Unies, l’espérance de vie devrait augmenter de 7 ans et la population âgée de plus de 60 ans devrait plus que doubler pour représenter quasiment 1 personne sur 4. Les conséquences sont à la fois nombreuses et variées. Les finances publiques sont directement concernées par les questions de santé et de retraite. Mais l’impact est tout aussi important sur l’évolution des profils des consommateurs. Les personnes âgées ont en bien meilleure santé que les générations précédentes. On parle donc d’attentes et de besoins en matière de divertissement, d’activités sportives, de voyages, d’alimentation de qualité et de services. Pour le seul marché de l’alimentation organique par exemple, Gartner estime la progression mondiale à 14% par an d’ici 2021. La croissance du secteur de la biotechnologie est, elle, estimée entre 15% et 20% selon un rapport de IBISWorld. Il s’agit donc d’un phénomène dont l’impact global devrait être majeur. Selon Oxford Economics, l’économie de la longévité devrait ainsi représenter 52% du PIB américain en 2032 contre 46% en 2012.
Quelle est la portée économique de ce phénomène ?
R. K. : Deux chiffres donnent une idée précise de son ampleur. Selon McKinsey, les seniors des zones urbaines des pays développés vont contribuer à la moitié de la croissance de la consommation pour la période allant de 2015 à 2030. Si vous ne prenez que les secteurs des loisirs et du sport, on estime qu’aux Etats-Unis le temps dédié à ces activités par les personnes de plus de 65 ans devrait croître de 195 millions d’heures. En termes d’emplois, et donc d’activité économique, c’est tout à fait substantiel. Enfin, il est intéressant d’observer la place particulière des baby-boomers, nés entre 1946 et 1965. C’est en effet vers eux que se fera la plupart des transferts de patrimoine issus de la génération des plus de 75 ans.
Pourquoi 2019 est-elle la bonne année pour initier des investissements sur ce thème ?
R. K. : Les investisseurs étaient réticents à investir sur cette thématique car elle était perçue d’une manière limitée, à travers des questions sensibles liées au déclin et à la mauvaise santé. Selon nous, il s’agissait d’une vision trop étroite. Cela ne prenait pas en compte ce qu’on appelle à présent « l’âge d’or » (« golden age »). Il s’agit d’une thématique d’investissement nettement plus large, permettant de cibler de nombreuses activités. La santé et le secteur pharmaceutique bien entendu, mais aussi tous les domaines liés à une vie plus longue, très active et source de consommation variée, en biens et en services.
Voir aussi
Santé et bien-être – Thème d’investissement 2019 #7 – Interview de Florent Bronès, Responsable de la stratége d’investissement de BNP Paribas Wealth Management (Vidéo)