L’arrêt progressif des politiques monétaires accommodantes est susceptible d’alimenter à nouveau des phases de volatilité. Les solutions pour s’en protéger, voire en tirer parti, ne manquent pas.
Cette année, la volatilité a fait un retour remarqué sur les marchés. Traditionnellement, elle se caractérise par d’importantes variations du cours d’un actif. Si ces phases offrent des opportunités de gains plus importantes, le risque de pertes est tout aussi élevé. Ce qui rend plus difficiles les décisions en matière de gestion de portefeuille. « La volatilité implicite mesure une anticipation des investisseurs sur ce qui peut se produire ou non sur les marchés, explique Philippe Forni, directeur des Gestions privées chez BNP Paribas Banque Privée. Elle est l’expression d’une crainte ou d’une confiance de la part des investisseurs. Ces anticipations ne s’appliquent pas toutes au même moment dans le temps, ce qui complique la stratégie d’investissement. » En sommeil depuis la mise en place de politiques monétaires accommodantes au lendemain de la crise financière, la volatilité se réveille aujourd’hui dans un contexte de normalisation. « En l’absence d’inflation, la normalisation monétaire des banques centrales, les risques géopolitiques et ceux d’une guerre commerciale sont autant de facteurs d’incertitude qui alimentent aujourd’hui cette volatilité », précise Philippe Forni. En début d’année, l’environnement économique et financier a ainsi suscité un bref regain de volatilité sur les actions, avant de se porter sur le marché des changes. La récente chute des devises émergentes cet été en est une illustration particulièrement probante.
Le phénomène est donc de nature à altérer l’acuité des investisseurs. Il existe cependant des solutions pour s’en prémunir. Dans ces périodes d’aversion au risque, certains actifs considérés comme « refuges » sont ainsi plébiscités.
C’est souvent le cas du dollar pour les devises. « Les emprunts d’État ou les obligations d’entreprises bien notées sont aussi très recherchés car peu volatils, souligne Manuela Maccia, directeur Produits et Services chez BNP Paribas Banque Privée. Une autre solution consiste à aller chercher de la diversification via des produits spécifiques comme les OPCVM, les ETF, les produits structurés ou encore le non-coté avec le private equity ou l’immobilier. » En termes de protection, les solutions ne manquent donc pas. Elles peuvent toutefois s’avérer onéreuses, car recherchées par un grand nombre d’investisseurs. Au-delà, certains types d’investissement s’imposent comme des solutions naturelles. « Dans un environnement incertain, les investissements de conviction sur des tendances structurelles de long terme s’avèrent pertinents, car ils ne souffrent pas des phases de volatilité, souligne Manuela Maccia. Ils consistent à investir sur des thèmes forts, des tendances séculaires, qui bénéficient d’une bonne visibilité de croissance comme le Big Data, le changement climatique, la transition énergétique, le vieillissement de la population », avec, pour les investisseurs, la possibilité de donner davantage de sens à leur investissement (ISR, ESG, Impact Investing). Enfin, dans un contexte de valorisation élevée, il est possible de tirer parti d’une remontée de la volatilité qui peut servir de point d’entrée pour réinvestir sur cette classe d’actifs, a fortiori quand les fondamentaux économiques sont solides.
Cet article a été initialement publié dans la lettre patrimoniale d'octobre 2018.