Les ETF ont conquis les investisseurs particuliers comme professionnels. Faciles d’accès, peu coûteux, immédiatement exposés à une tendance ou à une géographie, ils semblent être devenus la réponse unique à toutes les questions d’investissement. Mieux encore : ils permettent d’embarquer rapidement sur un secteur ou une zone géographique en train de redémarrer – la défense, l’Europe… – sans avoir à trancher tout de suite entre Thales, Rheinmetall en Allemagne ou Leonardo en Italie, entre le DAX ou l’Eurostoxx. Ils laissent du temps pour affiner son stock picking tout en profitant de l’élan.
Les ETF offrent également une porte d’entrée simple à l’investissement international via le PEA. Nasdaq, Dow Jones, Russell 2000 : autant d’indices américains désormais accessibles via des trackers éligibles, permettant de diversifier son portefeuille tout en conservant un cadre fiscal avantageux.
Mais derrière cette accessibilité se cache une réalité plus contrastée. D’abord, les ETF ne financent pas l’économie réelle. Contrairement à la gestion active, ils ne participent pas aux introductions en bourse (IPO), maillon pourtant essentiel du financement des entreprises. À une époque où les IPO se font rares, cette absence est d’autant plus problématique. Elle illustre un déséquilibre croissant : les gérants passifs captent des flux importants sans contribuer à la dynamique entrepreneuriale.
Autre distorsion : la taxe sur les transactions financières (TTF), qui s’applique aux titres vifs de grandes capitalisations mais épargne les ETF. Résultat : on pénalise les investisseurs actifs, tout en favorisant les grands émetteurs d’ETF, principalement américains. En matière de souveraineté économique, le signal est pauvre. Amundi-Lyxor reste cinq à sept fois plus petit que les géants BlackRock ou Vanguard.
Enfin, il serait illusoire de croire que les ETF suffisent à bâtir un portefeuille robuste. Leurs frais réduits (environ 0,30 % contre 1 à 1,5 % pour un fonds actif) ne doivent pas masquer la réalité : ils restent plus coûteux que les titres vifs, et leur performance dépend largement de la constance de l’investisseur. Car derrière un tracker Nasdaq, aussi prometteur soit-il, il y a une volatilité qui peut mettre à l’épreuve la discipline de chacun. Passer du Nasdaq à l’Europe, puis à la Chine, c’est le risque du papillonnage, souvent destructeur de performance.
Les ETF ne sont ni une panacée ni une menace. Ils sont un outil. Encore faut-il savoir s’en servir. En fin de compte, ce n’est pas tant le débat entre gestion active et passive qui compte, mais la capacité à construire une stratégie d’investissement cohérente, mixant ETF, fonds et titres vifs, tout en gardant le cap. C’est là que réside la vraie intelligence d’un portefeuille et la liberté de l’investisseur.