« SAVOIR ARBITRER » C’est un enjeu constant pour chaque investisseur.
Il faut toujours nettoyer son portefeuille : vendre ce qui performe moins bien, pour acheter ce qui va mieux.
Quels sont les aspects psychologiques qui empêchent l’acte d’arbitrage ?
Dans un portefeuille actions, le plus dur, ce n’est pas de trouver de nouvelles valeurs à acheter : le choix est large !
Le plus difficile, c’est la vente ! Pourquoi ?
Première raison : au moment de vendre une valeur, on subit inconsciemment l'effet de dotation. Qu’est-ce que c’est ?
C’est la tendance naturelle à surévaluer ce que l’on possède. Surtout si c’est depuis longtemps, par une sorte d’attachement affectif.
Un exemple. A l’instant T, mon action A vaut 100€ sur le marché. Je prévois de la vendre car sa tendance se dégrade. Mais je préfère vendre à 105 ou 110 car je lui attribue subjectivement une valeur plus élevée. Conséquence, je diffère l’arbitrage. Et si le titre entre en tendance baissière, je risque de conserver cette valeur sous-performante. Dommage !
Une parade ? J’inverse le problème. J’imagine que je n’ai PAS cette valeur, et que je construis mon portefeuille….Est- ce que j’achèterais cette valeur à 100€ ? Non, puisque ses perspectives sont mauvaises.
Il faudrait que le titre vaille beaucoup moins cher pour qu’il soit attractif. Mais alors, puisque je refuse de l’acheter à 100€, mais seulement bien plus bas, pourquoi ne pas le vendre à 100€ ?
Deuxième raison qui m’empêche d’arbitrer. Au moment de vendre, on subit également, sans s’en rendre compte, l’effet de récence. Qu’est-ce que c’est ?
Prenons un exemple. En octobre 2013, sur le titre B. Après avoir coté entre 80 et 85 plusieurs semaines, cette société annonce une très mauvaise nouvelle : un gros avertissement sur résultats. Le cours tombe à 73€. Même si j’ai l’intention de vendre, mon cerveau me joue un vilain tour : comme j’ai été habitué récemment à voir le cours au-dessus de 80, j’ai tendance à croire que le titre va y retourner. J’ai envie de vendre à 80.
Erreur ! Il faut oublier ces cours récents, et prendre de la hauteur. Voyez ici le parcours à long terme.
Le titre était passé en 5 ans de 15 à 85€.
Qu’il vaille 73, ou 80, c’est sans grande importance, au regard : 1.du chemin parcouru, 2.de l’importance de la nouvelle, et 3. du retournement baissier qui s’engage.
La suite, la voilà :
Le titre a perdu plus de 50% les 2 années suivantes. Il fallait vendre, et pour cela faire abstraction des prix récents.