Attentats, crise financière, coronavirus… Maxime Viémont, spécialiste en finance comportementale chez Portzamparc, spécialiste de la Bourse de BNP Paribas Banque Privée, revient sur l’impact psychologique de ces risques sur les investisseurs, et sur l’importance du banquier privé dans ces moments très particuliers.
QUELS BIAIS L’ENVIRONNEMENT ACTUEL GÉNÈRE-T-IL SUR LES MARCHÉS ?
La forte correction des marchés financiers enregistrée ces dernières semaines a la particularité d’être rapide et profonde, ce qui entraîne un biais de dissonance cognitive. Un état d’inconfort psychologique qui dure plus ou moins longtemps selon les investisseurs et pendant lequel vous vous rendez compte qu’il se passe quelque chose qui va à l’encontre de vos convictions. Lorsque cette dissonance cognitive est ressentie, l’investisseur tombe dans le biais de confirmation et le biais d’ancrage. Le premier consiste à ne retenir que les informations qui vous confortent dans vos opinions au lieu de chercher, en toute objectivité, celles qui pourraient vous guider vers les meilleurs investissements. Quant au second, il tend à surpondérer les informations anciennes par rapport aux nouvelles. Les investisseurs font donc preuve d’un manque de réaction et mettent du temps à ajuster les décisions.
DÈS LORS, COMMENT SE COMPORTENT LES ÉPARGNANTS ?
Trois comportements sont observés. Les épargnants adoptent souvent le statu quo en restant sur leurs positions, voire se détournent potentiellement des marchés tant la pression émotionnelle est forte. Celle-ci peut d’ailleurs susciter chez les épargnants un comportement de capitulation. Ne supportant plus de voir leur portefeuille baisser, ils liquident par dépit la partie la plus risquée, à savoir les actions.
Enfin, le dernier comportement vise à chercher du « confort » en vendant pour avoir du cash. Mais cela présente un inconvénient : les investisseurs subissent l’effet de disposition en cédant généralement des « positions gagnantes » qu’ils devraient conserver, et inversement. Par conséquent, ils déstructurent leur portefeuille.
QUE FAIRE POUR TRAVERSER CETTE PÉRIODE ?
Dans cet environnement de marché, le rôle de votre banquier privé est primordial, notamment en gestion conseillée ou sous mandat. Il vous aidera à prendre du recul, car il n’a pas le même ressenti émotionnel dans la mesure où il ne supporte pas vos positions en portefeuille.
C’est aussi l’occasion de voir avec votre banquier privé si votre allocation correspond bien à votre profil de risque, à vos objectifs, si votre portefeuille est bien diversifié.
Le cas échéant, un nouveau cadrage d’allocation pourra être mis en place en faisant certains arbitrages. Le but est de baisser l’intensité émotionnelle, ce qui permet de mieux appliquer la stratégie d’investissement définie. Et pour éviter de céder à nos émotions face au risque, l’investissement programmé comme le proposent certains contrats d’assurance vie peut être une solution. De même, et malgré la chute des cours, il est important de considérer les fondamentaux d’une entreprise et d’analyser son comportement en période de crise par rapport à son secteur et au marché. Enfin, dans une optique de moyen-long terme, les baisses importantes peuvent parfois constituer des points d’entrée intéressants, et donc générer des opportunités.
Article issu de la lettre patrimoniale n°72 du mois d'avril 2020