Le sommet Union européenne - Royaume-Uni du 19 mai acte une nouvelle phase de rapprochement économique, plus de cinq ans après le Brexit qui a, sans conteste, fragilisé l’économie britannique[1]. Les défis structurels auxquels est confronté le Royaume-Uni – inflation forte, investissements des entreprises atone, productivité faible – en découlent en partie.
L'Union européenne : un marché incontournable
Par sa proximité géographique, l’UE reste de loin le principal débouché pour les biens britanniques avec 47% des exportations totales de marchandises (en valeur) en 2024 ; cette part reste globalement stable depuis 2019. Les exportations en volume vers l’UE ont reculé significativement depuis 2019 (graphique de gauche), tout comme celles vers le reste du monde. Cette évolution traduit en partie un « effet Brexit », lié au renchérissement des importations en provenance de l’UE, mais pas seulement : elle reflète plus largement la perte de compétitivité structurelle de l’industrie britannique face à la concurrence extra-européenne, notamment asiatique. La légère progression des exportations nominales vers l’UE traduit uniquement un effet prix. Le recul en volume entre 2019 et 2024 (-18% au global) a touché la quasi-totalité des segments ; les plus gros postes d’exportation, les machines & équipements et le pétrole (et dérivés) ont baissé respectivement de 5,3% et 24%.
EXPORTATIONS BRITANNIQUES : MOINS DE BIENS, PLUS DE SERVICES

Le poids des services progresse significativement
À l’inverse, certains secteurs des services, à haute valeur ajoutée, se sont mieux accommodés du Brexit. Les exportations en volume, vers l’UE, de services d’information et de télécommunication et les revenus de la propriété intellectuelle ont progressé à un rythme très soutenu (graphique de droite), tirant à la hausse l’excédent du solde bilatéral des services. Ainsi, le poids des services dans les exportations vers l’UE n’a eu de cesse de croître depuis le Brexit (42% en 2019 vs. 51% en 2024 en nominal) et représentent désormais la majorité des exportations outre-manche. Cette hausse ne compense toutefois que partiellement le creusement du déficit commercial bilatéral du Royaume-Uni avec l’UE (échanges de biens), qui atteint des records au premier trimestre 2025.
Un rapprochement bénéfique pour la croissance et la compétitivité
La réinitialisation des échanges avec l’UE constitue une évolution positive sur le plan économique pour le Royaume-Uni. Les traités commerciaux signés récemment avec les pays tiers (Inde et États-Unis) ne sauraient, totalement compenser l’éloignement d’avec l’UE. Le Partenariat pour la sécurité et la défense, qui rapproche le Royaume-Uni d’une participation au programme SAFE[2] de financement au réarmement européen, ainsi que les discussions visant à intégrer le Royaume-Uni au système européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre (GES), atténueront certains freins structurels, dus aux Brexit, à la compétitivité de l’industrie britannique, tout en préservant les atouts du pays dans les services liés au secteur technologique.
[1] Voir par exemple Five Years On: The Economic Impact of Brexit, NIESR, Janvier 2025. Voir également S. Colliac et L. Morillon, Le Brexit a-t-il vraiment réduit l’attractivité économique du Royaume-Uni ?, BNP Paribas, juin 2023.
[2] Security Action For Europe.