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Perspectives mensuelles sur les devises - juin 2023

Publié le 15 Juin 2023 - Mis à jour le 20 Juin 2023
Guy Ertz
Responsable stratégie d'investissement BGL BNP Paribas Wealth Management

Points Clés

1.L’indice du dollar américain (DXY) a progressé de 2,13 % en mai, tandis que l'indice de la zone euro (EXY) a reculé de 3 %.

2.Le dollar américain s'est apprécié en mai en raison des incertitudes entourant le plafond de la dette et le conflit en Ukraine. Nous pensons que ce regain de vigueur à court terme ne va pas durer dans la mesure où l'euro bénéficie toujours de facteurs positifs comme l'amélioration des termes de l'échange (baisse des prix de l'énergie), une progression de la dynamique économique et une évolution du différentiel de taux 2 ans qui lui est favorable.

3.La Banque Centrale d'Australie (RBA) a de nouveau remonté ses taux de 25 pbs, plus que prévu. Cela a soutenu la devise australienne.

4.La Banque Centrale du Canada (BoC) a également remonté ses taux de 25 pbs – là encore plus que prévu - ce qui amène les taux à 4,75%. Ce changement vise à contrer la demande excédentaire de services, l'augmentation des dépenses de consommation et la reprise de l'activité du logement dans le but de réduire l'inflation.

5.Pour le taux USD/CNY, nous avons augmenté notre taux cible de 6,75 à 6,9 sur 3 mois suite à la réouverture de la Chine qui est plus faible que prévu. L'indice de surprise économique est passé de son plus haut à 162 le 13 avril à 1,7 le 31 mai. Toutefois, nous conservons notre objectif de 6,5 à 12 mois.

6.Concernant le yen japonais, nous augmentons notre objectif à 3 mois de 130 à 138 (valeur d'un dollar) et conservons notre objectif de 128 à 12 mois. Cette évolution s'explique par le différentiel de rendement qui a évolué au profit du dollar du fait du changement des anticipations de baisse des taux, qui ont été reportées au T1 2024 au lieu du T4 2023.

VUE USD >> CIBLE 12M VS EUR : 1,15

Le rebond du dollar devrait être temporaire

L’EUR/USD (valeur d'un euro) s'est déprécié de 2,5% en mai, tombant sous la barre des 1,07 (valeur d'un euro).

L'appréciation du dollar américain est attribuable aux incertitudes croissantes concernant les accords sur le plafond de la dette aux États-Unis et à la guerre en Ukraine. Le Président Joe Biden a signé une loi qui relève temporairement le plafond de la dette du pays, évitant ainsi un tout premier défaut avec des répercussions fortes. Comme prévu, la Fed a relevé ses taux de 25 pbs supplémentaires le 3 mai et a indiqué une probable « pause » pour les prochains mois. Les marchés étaient jusqu'à récemment trop optimistes en anticipant une nouvelle baisse de taux cette année. Nous ne prévoyons pas de baisse avant la fin du T1 2024.

En Europe, la BCE devrait continuer de relever ses taux. En date du 7 juin, les marchés attendent une hausse de 23 pbs le 15 juin. Le principal défi pour la BCE est de calibrer l'orientation de sa politique monétaire afin de ramener, progressivement l'inflation à 2% et ce, sans nuire à l’économie. Pour le moment, l'inflation reste élevée à 6,1% en mai. A noter que l'Allemagne est entrée en récession technique à la suite d’une diminution des dépenses de consommation.

Dans l'ensemble, l'appréciation attendue de l'euro est confortée par nos hypothèses d'amélioration des termes de l'échange (baisse des prix de l'énergie), de progression de la dynamique économique et du différentiel de rendement sur deux ans en faveur de l'euro.

Nous maintenons notre objectif à 1,08 sur 3 mois et à 1,15 sur 12 mois.

VUE GBP >>   CIBLE 12M VS EUR : 0,88

Rebond temporaire de la livre sterling

L’EUR/GBP (valeur d'un euro) s'est apprécié de 2,2% face à l'euro en mai. Cela s'explique en grande partie par la révision à la hausse des anticipations concernant les prochains relèvements par la Banque d'Angleterre. Le marché anticipe désormais un taux final à 5,50% au lieu de 5% auparavant. Cela nous semble trop agressif. Le rebond du GBP devrait donc être temporaire.

La Banque d'Angleterre lutte toujours contre l'inflation. Le 11 mai, le taux directeur a été augmenté de 25 pbs, portant le taux bancaire à 4,50%. L’indice des prix à la consommation s'est tout de même replié en année glissante, à 8,7% en mai, un chiffre supérieur aux prévisions. 

Au Royaume-Uni, la production a ralenti moins que prévu en mai, comme en témoignent les indicateurs d’activités manufacturières et non manufacturières de respectivement 49,9 et 55,1.

Les principales villes du Royaume-Uni ont largement été impactées par la grève des cheminots réclamant des salaires plus élevés afin de refléter la hausse du coût de la vie. Selon les estimations, cette grève a coûté 5 Md£ jusqu'à présent et a eu un impact sur les ventes de loisirs et de détails. Ces dernières étaient inférieures aux prévisions à -3% en année glissante. Selon nous, la croissance économique devrait ralentir au Royaume-Uni par rapport à la zone euro.

Nous conservons nos objectifs à 3 et 12 mois à 0,88 (valeur d'un euro), ce qui suggère une faible variation de la devise par rapport au niveau actuel.

VUE CHF >> CIBLE 12M VS EUR : 0,98

Le CHF va rester fort

Le franc suisse (CHF) s'est apprécié de 1% face à l'euro. Il se négociait à 0,97 au 7 juin.

En mai, l’indice des prix à la consommation s'est établi à 2,2% en année glissante, son niveau le plus bas depuis le début de la guerre en Ukraine. La Banque nationale suisse (BNS), dont l'objectif d'inflation est inférieur à 2%, se réunit le 22 juin pour sa prochaine décision trimestrielle sur les taux d'intérêt. En date du 7 juin, les marchés attendent une hausse de 36 pbs ce qui porterait le taux terminal à environ 1,90%. D'une manière générale, les anticipations des marchés au cours du dernier mois ont quelque peu baissé en Suisse, alors qu'elles étaient globalement stables pour la BCE.

Malgré la publication d'indicateurs économiques avancés du KOF (90,2 en mai) et de l'indice des prix à la consommation manufacturière (43,2), tous deux inférieurs aux attentes, les fondamentaux économiques de la Suisse restent globalement solides et le PIB devrait progresser d'un trimestre à l'autre. La dynamique économique s'essouffle cependant davantage.

UBS devrait finaliser son rachat de Credit Suisse le 12 juin et devenir la plus grande banque suisse avec 1,6 trillions de dollars (USD) de bilan et superviser 5 trillions de dollars (USD) d'actifs. Cela implique le retrait de la cote de Credit Suisse de la bourse suisse SIX et du NYSE.

Nous maintenons nos objectifs à 3 et 12 mois à 0,98 (valeur d'un euro), ce qui laisse entrevoir une appréciation marginale du franc suisse par rapport à ses niveaux actuels (6 juin).

VUE JPY >>   CIBLE 12M VS USD : 128

Nous augmentons notre objectif 3 mois de 130 à 138

Le yen japonais a atteint son plus faible niveau sur 6 mois en se dépréciant de 1,15% face au dollar américain en mai, la valeur du yen oscillant autour de 140 le 4 juin. Ceci s'explique en grande partie par l'évolution du différentiel de rendement en faveur du dollar américain. En effet, les marchés ont quelque peu revu leurs anticipations et s'attendent désormais à moins de baisses de taux de la part de la Fed cette année. Cela a accru l'attractivité du dollar par rapport au yen. Au Japon, le nouveau gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) K. Ueda devrait maintenir sa politique de contrôle de la courbe des taux. Selon nous, la Fed devrait réduire ses taux d'intérêt à la fin du premier trimestre 2024 et nous pourrions assister à un revirement important au cours de l'année. L'environnement tournerait alors en défaveur du dollar.

Il convient de noter que les entreprises japonaises ont proposé des hausses de salaires inédites au cours des trois dernières décennies. Les négociations de cette année avec les syndicats ont mené, en moyenne, à une revalorisation de 3,8% pour compenser la hausse du coût de la vie. À ce stade, les salaires réels n'augmentent pas, la récente hausse des salaires étant globalement conforme à l'inflation.

Nous prévoyons une normalisation de la valeur du yen par rapport au dollar. Cela dépendra principalement des anticipations de baisse des taux en 2024. C'est pourquoi nous nous attendons à ce que la majeure partie de l'appréciation du yen intervienne sur un horizon de 6 à 12 mois. Nous augmentons donc notre objectif à 3 mois de 130 à 138 (valeur d'un dollar) et maintenons notre objectif à 12 mois de 128 pour la paire USD/JPY.

VUE SEK >> CIBLE 12M VS EUR : 11

Perspectives positives après la récente  faiblesse

La couronne suédoise (SEK) s'est dépréciée de 2,6% en mai. Le 3 mai, la banque centrale (Riksbank) a relevé son taux directeur de 50 pbs, à 3,5%. Le gouverneur de la Riksbank, E. Thedeen, a fait part de ses inquiétudes à l'égard d'une dépréciation de la SEK par rapport à ses objectifs d'inflation (via les prix des importations). Les représentants de la Riksbank ont également souligné la menace croissante liée au secteur de l'immobilier commercial. Entre-temps, l'écart de taux d'intérêt à 2 ans entre la Suède et la zone euro est revenu en faveur de la SEK depuis le début de l'année.

La hausse des taux hypothécaires pèse sur le marché du logement et reste une préoccupation majeure pour la Suède. Une hausse des taux pourrait potentiellement aggraver la situation, compte tenu en particulier de la part importante des prêts hypothécaires à taux variable. Il s'agit là d'un obstacle persistant pour la SEK. Au 6 juin, les marchés tablaient sur une hausse de 23 pbs pour le 29 juin.

Le sentiment global a également contribué à la faiblesse des ventes de détail en glissement annuel, qui restent négatives à -6,5%. Cela a été influencé par un indice de prix à la consommation élevé de 10,5% en avril. A ce stade, les principaux facteurs mentionnés ci-dessus semblent toutefois être largement intégrés dans les cours du marché. Le pic attendu des taux de la BCE devrait progressivement favoriser la devise suédoise.

Nous maintenons nos objectifs à 3 et 12 mois à 11 (un euro), ce qui laisse entrevoir de meilleures perspectives pour la couronne suédoise.

VUE NOK >> CIBLE 12M VS EUR : 10,80

Potentiel d’appréciation modéré

La couronne norvégienne (NOK) a connu un début d'année 2023 difficile et est devenue la monnaie la moins performante du G10. Elle s'est encore dépréciée de 0,4% en mai. La faiblesse du mois de mai peut être attribuée à la baisse du prix du pétrole et à l'augmentation du différentiel de rendement en faveur de l'euro. L'approche prudente de la Norges Bank à une hausse des taux a pesé sur la performance de la devise. Cela a commencé à changer.

Comme l'indique l’indice des prix à la consommation sous-jacent pour le mois d'avril, l'inflation est ressortie supérieure aux attentes à 6,3%. En réponse, la Norges Bank a relevé ses taux d'intérêt de 25 pbs à 3,25% le 4 mai. Son gouverneur, Ida Wolden Bache, a laissé entrevoir la possibilité d’une nouvelle hausse des taux en juin. L'écart de rendement, qui favorisait auparavant l'euro, a commencé à s'inverser depuis le début du mois de mai. La hausse attendue des prix du pétrole et les facteurs techniques continuent de soutenir le rebond de la couronne norvégienne. Nous pensons qu’elle s'appréciera vers la fin de l'année, la hausse des prix du gaz cet hiver se traduisant par une augmentation des achats de la devise norvégienne par les compagnies pétrolières. La BCE devrait mettre fin à son cycle de taux ce mois-ci et laisse entrevoir des baisses de taux au premier trimestre 2024.

Nous maintenons notre objectif à 3 mois à 11,30 et notre objectif à 12 mois à 10,80 cela suggère une légère appréciation de la NOK.

VUE AUD >>   CIBLE 12M VS USD : 0,73

Potentiel d’appréciation supérieur aux niveaux actuels

Le dollar australien (AUD) s'est légèrement déprécié en mai, mais a rebondi début juin.

Le 6 juin, la banque centrale a surpris les marchés en relevant son taux d'intérêt de 25 pbs supplémentaires à 4,1%. Cette annonce a été suivie d'une déclaration du gouverneur P. Lowe indiquant que même si l'inflation a peut-être « passé son pic », certains indicateurs indiquent qu’elle persiste. De plus, le taux de chômage a augmenté en mai à 3,7%, un niveau supérieur aux prévisions. Cette hausse des taux visait à contenir les risques sur l'inflation des services, qui est restée élevée, comme l'indique l’indice des prix à la consommation supérieur aux attentes de 7% en avril par rapport à la même période l'an dernier. Contrairement à la Fed qui pourrait avoir atteint son taux terminal, d'autres hausses pourraient avoir lieu. Les anticipations de taux d'intérêt ont légèrement augmenté en Australie et la Fed devrait être la première à baisser ses taux fin T1 2024.

La perspective globale du dollar australien reste donc positive. Les indicateurs d’activités manufacturières et non manufacturières (48,4 et 52,1) restent supérieurs à ceux des États-Unis.

La réouverture de la Chine et la demande croissante des matières premières industrielles clés, en particulier celles utilisées dans les batteries et l'électronique, devraient améliorer les termes de l'échange en Australie et l’AUD.

Nos objectifs à 3 et 12 mois pour le dollar australien restent respectivement de 0,70 (valeur d'un dollar australien) et de 0,73, ce qui suggère un potentiel d'appréciation du dollar australien. 

VUE NZD >>    CIBLE 12M VS USD : 0,65

A la recherche d’un rebond

Début mai, le dollar néo-zélandais s'est déprécié d'environ 2% face au dollar et souffre du ralentissement récent de la croissance en Chine. La Banque Centrale de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a relevé une nouvelle fois de 25 pbs son taux directeur, qui s'établit désormais à 5,5%. Les marchés anticipent une possible pause dans les prochains relèvements de taux. Au premier trimestre 2023, l'inflation a reculé à 6,7% en année glissante.

L'attention reste focalisée sur le marché du travail, qui a connu des tensions salariales suite à la baisse inattendue du taux de chômage de 3,4% au premier trimestre 2023. La trajectoire attendue des futures hausses de taux est assez similaire à celle de la Fed.

Bien que la Chine ait réouvert son économie, la balance commerciale de la Nouvelle-Zélande pour le mois d'avril affiche toujours un chiffre négatif de 16,80 milliards de dollars néo-zélandais. En avril, le lait a atteint un prix de vente moyen de 3 399 USD la tonne. Avec une part de près de 20% des exportations de la Nouvelle-Zélande, toute augmentation des prix du lait pourrait soutenir le NZD. Le pays reste bien positionné pour bénéficier de la reprise en Chine et en Asie.

Nos objectifs pour le dollar néo-zélandais à 3 et 12 mois restent inchangés à 0,65 (un dollar néo-zélandais en valeur).

VUE CAD >> CIBLE 12M VS USD : 1,30

Potentiel d’appréciation limité

Le dollar canadien (CAD) est resté relativement stable aux alentours de 1,34 (valeur d’un dollar) ces dernières semaines. La devise est susceptible de s'apprécier en raison des baisses attendues des taux d'intérêt aux États-Unis et du maintien d'un ton offensif par la Banque du Canada. Le potentiel est toutefois limité.

Le 7 juin, la Banque du Canada a relevé son objectif de taux au jour le jour de 4,5% à 4,75%, soit un niveau supérieur aux prévisions. Ce changement vise à contrer l'excès de demande de services, la hausse des dépenses des ménages et l'accélération de l'activité immobilière afin de faire baisser l'inflation.

L'inflation semble maîtrisée, l’indice des prix à la consommation s'étant établi à 4,4% en année glissante en avril (chiffre supérieur aux prévisions).

La balance commerciale du mois d'avril a affiché un excédent de 1,94 Md $CAD, supérieur aux prévisions. Le taux de chômage du mois d'avril était inférieur aux attentes à 5%. Le dollar canadien a également été influencé par l'évolution des prix du pétrole dont la hausse progressive pourrait contribuer à son renforcement. Le niveau élevé du ratio d'endettement des ménages par rapport au PIB (103% pour le T4 2022) pourrait être une contrainte. De plus, nous avons observé les premiers signes d'une reprise des prix de l'immobilier jusque-là impactés négativement par la hausse des coûts d'emprunt.

Notre objectif à 3 mois pour le CAD reste à 1,32 et notre objectif à 12 mois à 1,30 (valeur d'un dollar US), ce qui indique une possible appréciation modérée par rapport aux niveaux actuels.

VUE CNY >>  CIBLE 12M VS  USD : 6,50

Nous augmentons notre objectif à 3 mois de 6,75 à 6,9

L’USD/CNY (valeur d'un dollar) s'est déprécié d'environ 3% entre le 1er mars et le 1er juin. Le programme de prêts à moyen terme est resté inchangé à 3,65%. En effet, l'inflation globale est restée faible, surtout par rapport aux pays du G7. L'optimisme concernant la reprise en Chine s'est récemment estompé avec des chiffres de production inférieurs aux attentes, comme en témoigne la chute de l'indice de surprise économique chinois, de 162 le 13 avril à 1,7 le 31 mai.

L'économie chinoise a progressé de 4,5% en glissement annuel et, en avril, les exportations ont fortement augmenté passant à 8,5%. En mai, les indicateurs d’activité manufacturière et non manufacturière ont progressé respectivement à 50,9 et 57,1.

En dépit de l'amélioration de la balance commerciale et des perspectives économiques globales de la Chine, le récent essoufflement de la reprise après la pandémie a eu un impact négatif sur le renminbi. En mai, la devise s'est dépréciée de près de 2,5% par rapport au dollar américain. Ces facteurs et l'augmentation de l'écart de rendement ont contribué à sa baisse. L'appréciation de la devise chinoise devrait accompagner les anticipations de baisse des taux de la Fed. Cet effet devrait jouer un rôle au cours du premier trimestre 2024. À court terme, le potentiel haussier du CNY est limité. 

Nous augmentons notre objectif à 3 mois de 6,75 à 6,9 (valeur d'un dollar) et nous maintenons notre objectif à 12 mois à 6,5. Cela suggère une appréciation modérée du CNY par rapport à ses niveaux actuels en 2024. 

VUE BRL >> CIBLE 12M VS USD : 5

Pas plus de potentiel d’appréciation

Le real brésilien (BRL) a oscillé autour de 5 en mai. Le 3 mai, le taux Selic a été maintenu à 13,75%, soulignant la possibilité de garder les taux directeurs stables plus longtemps que ce que le marché avait prévu. Au même moment, l'inflation d’avril a reculé à 4,18% en année glissante (un niveau légèrement supérieur aux attentes).

De plus, l'indice S&P PMI du secteur des services pour le mois d'avril s'est établi à 54,5, ce qui indique une croissance. Les ventes au détail en mars ont dépassé les prévisions à 3,20% (par rapport à mars 2022). La croissance du PIB au premier trimestre est ressortie supérieure aux attentes à 4% (en glissement annuel), sous l'effet d'un rebond de la croissance économique suite à des rendements exceptionnels des cultures agricoles et de la vigueur de la production de pétrole brut, qui ont compensé la morosité du secteur manufacturier. Les facteurs externes, tels que la réouverture de l'économie chinoise, devraient apporter un soutien. De plus, la croissance brésilienne s'est accélérée ces derniers mois et s'est traduite par une balance commerciale supérieure aux attentes à 11,40 milliards d'USD en mai.

Si les relations avec les pays occidentaux se sont améliorées, l'incertitude politique continue d'inquiéter les marchés et pourrait exercer des pressions sur la devise brésilienne à court terme. Le gouvernement du Président Lula a l'intention d'adopter des politiques budgétaires plus accommodantes, ce qui pourrait potentiellement exacerber les pressions inflationnistes. Les récentes tensions entre le gouvernement et la banque centrale ont également contribué aux fluctuations du marché.

Par conséquent, nous maintenons notre objectif à 5 sur 3 mois (en USD) et à 5 sur 12 mois.

VUE MXN >> CIBLE 12M VS  USD : 19,50

Consolidation après forte appréciation

La devise mexicaine (MXN) s'est appréciée de 2,3% entre début mars et juin, dopée par la solide dynamique économique des États-Unis. Le dollar américain a toutefois rebondi début mars en raison de la crise bancaire régionale aux États-Unis et fin mai suite aux inquiétudes entourant le plafond de la dette.

Le 18 mai, la banque centrale mexicaine a maintenu son taux directeur à 11,25%. Les dernières statistiques indiquent que l'inflation s'est établie à 6,25% en avril (en glissement annuel), soit un niveau légèrement supérieur aux prévisions, tandis que l'indice des prix à la production (IPP) s'est établi à 1,4% en avril. De plus, le PIB final du premier trimestre de l'année, publié en mai, a confirmé un taux de croissance de 1% (en glissement annuel) comme attendu.

Plus généralement, la plupart des devises latino-américaines, dont le peso mexicain, se sont appréciées face au dollar. Le peso mexicain a surperformé ses homologues régionaux avec une hausse de 10% par rapport au dollar US, dopé par la forte croissance économique et la tendance croissante du « nearshoring », les sociétés étrangères cherchant à rapprocher leurs activités manufacturières de leurs marchés nationaux. Dans l'ensemble, les anticipations de taux d'intérêt ont été revues à la baisse pour le Mexique par rapport aux États-Unis. Nous restons donc d'avis que le peso mexicain peut encore se déprécier. Les perspectives de croissance du Mexique sont relativement prudentes, comparées aux États-Unis.

Nous maintenons notre objectif à 19 sur 3 mois (un dollar) et à 19,50 sur 12 mois. Ces objectifs suggèrent une dépréciation du MXN par rapport à ses niveaux actuels.

VUE INR >> CIBLE 12M VS USD : 82

Conforme à nos objectifs

La roupie indienne (INR) a perdu environ 1% par rapport au dollar américain en mai. Cependant, la devise s'est stabilisée vers 82 (contre dollar), ce qui est notre objectif à 3 et 12 mois. La volatilité implicite à six mois de la roupie, qui s'établit à 4,5%, reste l'une des plus faibles parmi les principales devises asiatiques.

Nous maintenons notre prévision de croissance économique à 5,7% en 2023, et nous positionnons l'Inde comme un contributeur important à la croissance mondiale l'année prochaine. Cette trajectoire positive est principalement imputable à l'accent continu mis par le gouvernement sur les dépenses d'investissement et à la résistance de l'économie.

Il existe une nette divergence par rapport aux États-Unis dans les enquêtes sur les entreprises des secteurs manufacturiers et des services (PMI), qui sont restées constamment en territoire expansionniste depuis juillet 2021. Cette divergence est favorable à la roupie. Toutefois, l’indice des prix à la consommation d'avril s'est établi à 4,7% (en glissement annuel), un chiffre légèrement inférieur aux prévisions, ce qui allège les pressions sur les taux d'intérêt. Suite au ralentissement de l'inflation, la Reserve Bank of India (RBI) a maintenu ses taux d'intérêt à 6,50%. Le différentiel de taux a récemment favorisé les États-Unis, et nous ne prévoyons pas d'inversion de tendance dans un avenir proche.

Dans l'ensemble, ces évolutions indiquent un potentiel haussier limité pour la devise indienne.

Nous maintenons notre objectif à 3 et 12 mois à 82 (un dollar).   

VUE ZAR >> CIBLE 12M VS  USD: 17,50

Peu de potentiel d’appréciation cette année.

Le rand sud-africain (ZAR) s'est déprécié de 6,5% en mai. La Reserve Bank of South Africa (SARB) a surpris le marché le 25 mai en relevant à nouveau son taux directeur de 50 pbs à 8,25%. Cette décision inattendue a été motivée par une inflation obstinément élevée, en particulier dans les zones rurales.

L'affaiblissement du ZAR est principalement dû au taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) inférieur aux attentes de 0,9% au quatrième trimestre de l'année précédente. Ceci suggère un ralentissement plus marqué de l'économie sud-africaine. Les dernières statistiques indiquent que l'indice des prix à la consommation (IPC) d'avril est resté élevé à 6,8% en année glissante, signe de pressions inflationnistes persistantes. En revanche, l'indice des prix à la production (IPP) du mois d'avril était de 8,6% (inférieur aux prévisions). Dans l'ensemble, la balance commerciale du mois d'avril est sortie inférieure aux attentes à 3,54 milliards de ZAR.

Le marché reste préoccupé par la détérioration des perspectives de croissance due à la persistance des coupures de courant et aux récentes tensions géopolitiques. Les récentes révisions à la hausse des taux d'intérêt en Afrique du Sud par rapport aux États-Unis, devraient se traduire par une appréciation du ZAR au cours des prochains mois.

Nous maintenons notre objectif à 18 sur 3 mois et à 17,50 sur 12 mois. Cela suggère un faible potentiel d'appréciation par rapport aux niveaux actuels. 


Cet article a été réalisé par notre réseau international BNP Paribas Wealth Management.

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