[article mis à jour en mai 2018] La France bénéficie d’un écosystème favorable au développement de l’innovation et des start-up. Investissement direct ou via des fonds spécialisés, il existe de nombreux moyens de financer ces entreprises, mais à condition d’envisager cet investissement sur le long terme.
Depuis trois ans, la France se classe dans le trio de tête des délégations les plus nombreuses au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. « Cette présence en force au plus important salon consacré à l’innovation technologique, témoigne de la vitalité de l’innovation française, et cela ne se limite pas au domaine digital comme j’ai pu l’observer cette année, relève Vincent Le Sann, directeur clients Institutionnels et Entreprises chez Portzamparc, filiale de BNP Paribas, spécialiste des introductions en Bourse de petites et moyennes capitalisations. En effet, la Place de Paris est devenue une référence pour les entreprises de biotechnologie qui souhaitent entrer sur le marché ». Les technologies de rupture arrivent également en force comme l’illustre la très forte demande sur l’introduction de Prodways à Paris qui a développé une solution globale d’impression 3D.
L’innovation bénéficie désormais en France d’un écosystème favorable, tant en termes d’accompagnement que de financements. « Les hébergeurs, les incubateurs et les fonds spécialisés se sont multipliés. Ils sont indépendants ou à l’initiative d’entreprises (corporate fund), de banques – à l’instar de l’Atelier de BNP Paribas pour les fintech – ou d’entrepreneurs qui ont réussi comme Marc Simoncini ou Xavier Niel, souligne Vincent Le Sann. Depuis que j’ai commencé à travailler sur les marchés des petites et moyennes capitalisations en 1998, je n’ai jamais vu autant de financements disponibles pour les jeunes entreprises en France ».
Une palette de solutions
Les investissements ne proviennent pas seulement d’acteurs institutionnels. « Il existe plusieurs manières pour un particulier d’investir dans les entreprises innovantes, à différents stades de développement et selon les objectifs recherchés, rappelle Jean-Michel Buguet, responsable de l’Advisory Desk Gestion de Fortune chez BNP Paribas Banque Privée. Les Fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) et les Fonds d’investissement de proximité (FIP) permettent une plus grande diversification que les investissements en direct ». Ces deux supports doivent être investis sur des PME ayant moins de respectivement 10 et 7 ans (avec des contraintes géographiques pour les FIP). Il est préférable de privilégier ceux qui investissent dans des entreprises qui génèrent déjà du chiffre d’affaires – voire des résultats. Elles présentent moins de risques que celles en amorçage.
« FCPI et FIP donnent chacun droit à une réduction d’impôt sur le revenu de 18 % de l’investissement, limitée à 2 160 euros (4 320 euros pour un couple) cumulable (FCPI+FIP), poursuit Jean-Michel Buguet. De manière transitoire, le taux sera même porté à 25% pour les versements effectués à compter d’une date fixée par décret et jusqu’au 31 décembre 2018. Cet avantage en matière d’IR entre dans le plafond des niches fiscales de 10 000 euros par an ».
La suppression de l’ISF à compter de 2018 entraîne celle de la réduction « ISF-PME ». Toutefois, les redevables qui en 2017 ont réalisé des investissements éligibles peuvent imputer à titre exceptionnel une partie de leur investissement sur leur IFI 2018.
Il est rare que l’on puisse sortir avant 7 à 10 ans du fait de la non liquidité des investissements qui ne sont pas cotés, sauf rares exceptions. « Il est en outre possible d’investir directement dans une entreprise, souligne Rodolphe Philippon, banquier privé chez BNP Paribas Banque Privée Gestion de Fortune.
Pour plus de liquidité, il vaut mieux s’orienter vers les OPCVM spécialisés sur un ou plusieurs secteurs innovants comme les biotech, les medtech, la cybersécurité… ou investir directement dans des entreprises innovantes, notamment à l’occasion des introductions en bourse. Mais la liquidité ne dispense pas d’adopter aussi un horizon d’investissement long, pour laisser le temps à l’innovation de concrétiser ses promesses.
(article initialement publié dans la Lettre de Gestion de Fortune de juillet 2017)