Généralement gage d’une tendance haussière, le retour des banquiers centraux au centre de l’échiquier financier est loin de dissiper les incertitudes actuelles.
À la faveur des risques qui pèsent sur la croissance mondiale et avec la volonté de les prévenir, les banques centrales sont redevenues, au début de l’été, le principal centre de gravité des marchés. Des paroles aux actes, il n’y avait ensuite qu’un pas que la Réserve fédérale américaine (FED) s’est empressée de franchir en abaissant, fin juillet, son principal taux directeur d’un quart de point pour le ramener dans une fourchette comprise entre 2 % et 2,25 %. La première baisse depuis décembre 2008 qui interpelle d’autant plus que si l’économie américaine montre des signes de ralentissement, sa situation est loin d’être récessive. Le discours tout aussi conciliant de la Banque centrale européenne (BCE) a également participé à ce changement de paradigme sur les marchés.
Est-ce à dire que cette perspective va se traduire par une lente et irrémédiable appréciation des indices boursiers ? Pas forcément. « La résurgence de politiques monétaires accommodantes a été largement anticipée par les investisseurs, souligne Florent Bronès, responsable de la Stratégie d’investissement chez BNP Paribas Wealth Management. Par ailleurs, les bonnes nouvelles sur le front conjoncturel sont aujourd’hui moins importantes que les risques en présence. » À commencer par le protectionnisme, qui freine le commerce mondial au point de pénaliser l’économie américaine elle-même. Au-delà de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine dont l’issue reste incertaine, dorénavant l’Union européenne est aussi la cible régulière des critiques américaines. En marge de cet environnement, le Brexit reste un sujet d’inquiétudes. D’autant plus grand que l’arrivée de Boris Johnson au 10 Downing Street cet été a augmenté la probabilité d’un hard Brexit fin octobre – qui serait néfaste à l’ensemble des protagonistes. Enfin, l’économie de la zone euro ne donne pas de signe d’amélioration poussant la BCE à envisager une nouvelle salve de mesures non conventionnelles.
Les incertitudes ne manquent donc pas et, en dépit du soutien affirmé des banques centrales, ne plaident pas pour une hausse mécanique des marchés. « Les risques existants incitent plutôt à la prudence, préconise Florent Bronès. Dans l’attente de la dissipation de ces craintes et après l’appréciation des derniers mois, prendre ses bénéfices est plutôt recommandé. Une phase de consolidation paraît inévitable avant de pouvoir se projeter sur de nouvelles perspectives peut-être plus optimistes pour 2020. »
Article issu de la Lettre Patrimoniale Banque Privée n°70 du mois d’octobre 2019