Point Clés
• La crise bancaire a créé de nombreuses incertitudes et réduit la visibilité pour les prochains mois. Dans de telles circonstances, il vaut mieux éviter d'être surexposé à des noms risqués/trop endettés et favoriser les actions de qualité. En outre, plusieurs études et indices montrent une surperformance du style Qualité sur le long terme. Une action/une société de qualité se caractérise par la supériorité de sa croissance, de sa solidité, de sa rentabilité, de son pouvoir de fixation des prix, de sa notation ESG, de son retour aux actionnaires et par un faible endettement. Les secteurs où l'on trouve traditionnellement de nombreuses actions de qualité élevée sont les soins de santé, surtout les pharmaceutiques, les biens de consommation de base, la technologie, les produits de luxe, l'assurance et certaines chimiques.
• Notre secteur favori pour miser sur la qualité en ce moment est la santé. De nouvelles opportunités sont apparues dans d’autres secteurs avec les robots de conversation (Chat-Bot), nouvelle étape dans le développement de l’intelligence artificielle ou encore avec l’électrification, l’indépendance énergétique et la sécurité que prônent nos gouvernements. On peut jouer ces thèmes via des actions de qualité dans les secteurs des semi-conducteurs, des services aux collectivités, de l’agroalimentaire, de la chimie, du cloud, voire de la cybersécurité.
Contexte
L’année 2022 fut volatile, marquée par le retour d’une forte inflation, elle-même exacerbée par les déconfinements en Occident (avec comme corollaire de fortes dépenses tous azimuts) alors que les prix de l’énergie explosaient, conséquence directe de la guerre en Ukraine. Les marchés ont accusé le coup durant la majeure partie de 2022..
Il est apparu plus tard dans l’année que les scénarios catastrophes de forte récession en Occident n’allaient pas se matérialiser, d’autant que les prix de l’énergie, en particulier ceux du gaz, ont commencé à refluer dès la fin de l’été. Les actions cycliques, particulièrement les bancaires, ont alors connu une belle période de surperformance de septembre 2022 à janvier 2023. Début 2023, les marchés se prirent même à rêver d’une baisse rapide de l’inflation et ce furent alors les actions les moins performantes en 2022, souvent de piètre qualité (profitabilité et bilan médiocres), qui rebondirent le plus après des chutes souvent vertigineuses en 2022.
Mais l’inflation reste fort élevée et les banques centrales n’ont pas d’autre choix que de continuer à remonter leurs taux directeurs. La progression des actions s’en trouve ainsi entravée, d’autant que les investisseurs trouvent maintenant de nouveau des alternatives alléchantes (i.e. qui fournissent un bon rendement) aux placements actions : les obligations.
En mars de cette année, une nouvelle crise éclate avec tout d’abord, la faillite et la nationalisation de la Silicon Valley Bank (SVB), une banque américaine mal gérée. Cette crise s’est étendue à d’autres banques américaines et aussi à Credit Suisse en Europe, maintenant en voie d’absorption par la solide banque UBS (avec en outre une série de garanties d’État). Les pertes pour les actionnaires et les détenteurs d’obligations AT1 de Credit Suisse sont énormes.
Ces événements nous rappellent le risque d’investir dans des actifs de moindre qualité. Le marché a réagi rapidement en se détournant des actifs les plus risqués. Ainsi, la Deutsche Bank, pourtant plus solide aujourd’hui qu’elle ne l’a sans doute jamais été, a été touchée. Des clarifications ont été données par la direction de la banque. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a même jugé nécessaire de confirmer que « tout va bien » avec Deutsche Bank !
Nous croyons en la solidité du système financier américain et européen après des années de restructuration et de recapitalisation depuis la Grande Crise Financière de 2008-2009. Mais en même temps, certaines institutions plus faibles pourraient connaître un sort similaire à la SVB ou à Credit Suisse. On ne connait pas encore toute l’étendue de la crise financière actuelle, ni toutes les conséquences pour l‘économie mondiale des resserrements monétaires inédits depuis un an, du fait de leur ampleur et de leur rapidité.
En période de faible visibilité, il vaut mieux privilégier les actions dites « de qualité ». Il ne s’agit pas ici d’un virage à 180 degrés par rapport à notre call Valeur/ actions cycliques lancé fin 2022 (dans ces segments, de nombreuses actions ont d’ailleurs de bons fondamentaux). Mais il faut s’assurer pour les mois qui viennent de ne pas être surexposé à des titres aux fondamentaux faibles car ils pourraient être délaissés par le marché à la suite de la réévaluation du facteur risque.
Qu’est-ce qu’une action de qualité ?
Une action/entreprise de qualité se caractérise par :
- une bonne visibilité, solidité et croissance des bénéfices et des cashflows futurs ;
- une profitabilité (cf. ratios ROE, ROA, marges bénéficiaires) élevée, pérenne, voire en hausse ;
- un certain pouvoir de fixation des prix car il y a des barrières à l’entrée ou bien ses produits et services sont fort attractifs, jugés comme significativement meilleurs que ceux de la concurrence, voire ‘incontournables’ ;
- peu ou pas de controverses et de préférence un bon score ESG ;
- un bilan solide, donc peu ou pas de dettes ;
- des dividendes solides et souvent en croissance.
Il s’agira donc souvent de sociétés relativement (mais pas exclusivement) matures et qui connaissent encore de la croissance. Elles sont souvent positionnées dans des secteurs défensifs et/ ou possèdent une, voire plusieurs marques fortes.
A contrario, les sociétés jeunes sont souvent plus endettées afin de financer leur croissance rapide. Une forte remontée des taux ou un ralentissement économique marqué peut alors mettre à mal leur profitabilité, voire leur existence. Les sociétés cycliques sont souvent plus volatiles et de moindre qualité.
D’une part, leur expansion est souvent financée par de la dette. D’autre part, en période trouble, le consommateur aura d’abord tendance à couper ses dépenses dans les biens de consommation discrétionnaire/ cycliques (par exemple, il retardera l’achat de sa nouvelle voiture) plutôt que dans les biens de consommation de base ou dans ses soins de santé.
A noter toutefois que de nombreuses sociétés cycliques affichent aujourd’hui des bilans beaucoup plus solides que par le passé, notamment les plus grosses sociétés énergétiques, minières, financières, et elles sont aujourd’hui très profitables.
Quels secteurs privilégier pour miser sur la qualité ?
Les secteurs où l’on retrouve traditionnellement de nombreuses actions de qualité sont :
- Les soins de santé, surtout les actions pharmaceutiques;
- Les biens de consommation de base;
- La technologie;
- Le luxe;
- L’assurance;
- Certaines segments dans la chimie
Ce sont d’ailleurs ces secteurs qui pour la plupart ont le mieux performé en mars. Mais vérifiez les valorisations avant d’acheter car certaines actions de qualité sont chères alors que leurs marges bénéficiaires sont parfois sous pression.
Conclusion :
En période trouble, il est judicieux de favoriser la qualité. Mais, il faut garder en tête le contexte économique et les pressions sur les marges auxquelles certaines de ces sociétés doivent faire face en ce moment (forte hausse des coûts), notamment dans la technologie ou encore dans le secteur des biens de consommation de base. Dès lors, il vaut mieux y être sélectif.
Notre secteur favori pour miser sur la qualité en ce moment est la santé. De nouvelles opportunités sont apparues dans d’autres secteurs avec les robots de conversation (Chat-Bot), nouvelle étape dans le développement de l’intelligence artificielle ou encore avec l’électrification, l’indépendance énergétique et la sécurité que prônent nos gouvernements. On peut jouer ces thèmes via des actions de qualité dans les secteurs des semi-conducteurs, des services aux collectivités, de l’agroalimentaire, de la chimie, du cloud, voire de la cyber sécurité.