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Le « 16 Italiens », siège social de BNP Paribas : entre tradition et modernité

BNP Paribas Source d'Histoire
Publié le 23 avril 2025 - Mis à jour le 23 avril 2025
Temps de lecture : 8 minutes

Découvrez l’histoire fascinante du « 16 Italiens », le siège social emblématique de BNP Paribas à Paris. Depuis son achat en 1917, ce bâtiment a connu des transformations remarquables, marquées par des défis architecturaux, des innovations techniques et une évolution stylistique vers l’Art déco. Explorez les étapes clés de sa construction, des premiers plans à la restauration récente, et découvrez comment ce lieu a réussi à allier tradition et modernité pour devenir un symbole de la banque.

La BNC s’installe boulevard des Italiens : les prémices d’un siècle d’histoire

C’est en 1917 que la Banque nationale de crédit (BNC), banque ancêtre de BNP Paribas, déménage son siège social de la rue Le Peletier au 16 Italiens. Un emplacement idéal dans un quartier en pleine transformation où s’installent de nombreuses banques. Mais les activités de la BNC, jeune banque dynamique, se développent et nécessitent de l’espace. La banque entreprend alors l’acquisition progressive de l’ensemble de l’îlot adjacent au boulevard des Italiens, incluant les rues Laffitte, Le Peletier et le futur prolongement du boulevard Haussmann, couvrant ainsi environ 2 400 mètres carrés. Pour regrouper l’ensemble des services parisiens de la BNC dans un même lieu, la construction d’un nouvel édifice est nécessaire. Ce bâtiment doit être moderne et intégrer les dernières avancées en matière de sécurité, d’hygiène, d’électricité et de chauffage.

Boulevard des Italiens avec la Maison Dorée et le futur bâtiment de la BNC, 1900-1910. Archives historiques de BNP Paribas – 3Fi377

(Voir extrait de l’assemblée générale ordinaire de la BNC du 28 avril 1926 qui explique les principes de construction – Archives historiques de BNP Paribas – 102AH014)

La construction du nouveau siège : une histoire rocambolesque

La construction du siège social de la BNC a été un processus complexe et rocambolesque.

Suite à des désaccords avec la direction de la BNC, les architectes désignés, Olivier Carré et Georges Guiard, sont remplacés en cours de chantier par deux nouveaux architectes, Joseph Marrast et Charles Letrosne. Ces derniers reprennent presque à zéro les plans initiaux alors que les travaux sont déjà bien avancés.

Lancé en 1919, le projet débute finalement dans sa phase de construction en 1926 et ne doit durer que deux ans.

Pourtant, il ne s’achève qu’en 1932 et requiert la mise en place d’un pilotage de projet inédit, constitué d’un collège d’architectes contrôlé lui-même par un administrateur de la Banque et un ingénieur.

Gautier Joseph Eugène Marrast (1881-1971)

Ancien élève des Beaux-Arts de Paris, son premier projet emblématique date de 1912 avec la réalisation de l’Église Saint-Louis de Vincennes, en association avec l’architecte Jacques Droz. Entré dans l’aviation en 1915, il est ensuite affecté au Maroc de 1916 à 1919 comme adjoint au service d’urbanisme du Maroc, où il conçoit le Palais de justice et la Place de France (devenue place Mohamed V) à Casablanca. Pendant l’entre-deux-guerres, il prend part aux expositions des arts décoratifs réalisées notamment aux États-Unis et qui influencent son travail. Il est aussi associé aux grandes expositions parisiennes comme le Salon des Arts Décoratifs de 1925 et intervient notamment dans la transformation du Palais de Chaillot pour l’Exposition universelle de 1937. L’un des projets emblématiques qu’il mène alors est celui de la BNC.

Grand nom de l’architecture de l’entre-deux-guerres et de la reconstruction, il est l’un des fondateurs de l’Académie d’architecture et en devient son premier président en 1953. Inspecteur général des bâtiments civils et des palais nationaux, il est fait Commandeur de la Légion d’honneur en 1955. Au cours de sa carrière, il a été en charge des travaux de rénovation des théâtres comme le Palais Royal, le Théâtre de l’Opéra ou la Comédie française et a réalisé les aménagements dans les années 1930 des ambassades de France à Berlin et à Varsovie. Il a également travaillé pour la Compagnie Air France, dont il a réalisé le logo. L’immeuble de la BNC reste l’une de ses œuvres les plus emblématiques, au point d’être citée comme référence dans son dossier d’obtention du grade de Commandeur de la Légion d’honneur en 1955.

Un projet architectural remanié intégralement

Les nouveaux architectes, Joseph Marrast et Charles Letrosne, apportent trois modifications majeures au projet initial :

Des travaux supplémentaires seront effectués plus tard, notamment la remise en peinture de l’édifice et l’installation d’un système de ventilation mécanique innovant appelé « Le Ridochod », mis en service en 1958. Un système de ventilation des sanitaires a également été mis au point pour compléter les travaux de modernisation.

Les fameux gradins des étages supérieurs, une particularité du bâtiment

Les fameux gradins des étages supérieurs, une particularité du bâtiment

Dans le journal L’illustration du 29 décembre 1928, des explications sont données concernant la particularité du bâtiment du 16 Italiens dont les étages supérieurs sont en gradins. Depuis 1902, la réglementation de la Préfecture de la Seine imposait une hauteur maximale des immeubles afin de garantir une aération et une luminosité des rues parisiennes. En dépassant les 20 m de hauteur, une dérogation écrite du ministère de l’Intérieur était requise. En plaçant les étages supérieurs en retrait, les architectes de la banque ont pu respecter la législation et ont obtenu l’autorisation de construction d’étages supplémentaires au-delà des 20 mètres de hauteur autorisés initialement en juillet 1927.

Illustration d’après le projet de porte pour la BNC, 1920 – Centre d’archives d’architecture contemporaine, fonds Subes 17
© Céline Pernot-Burlet

Un projet artistique sans précédent

Les modifications apportées au projet initial, qui prévoyait une structure de poteaux et poutres en béton armé enveloppée par une façade de pierre dans le style académique Beaux-Arts, permettent à l’édifice d’adopter un style Art Déco.

Le projet se couvre finalement d’étages en gradins conférant une forme pyramidale à l’édifice, dans le nouveau style à la mode et d’inspiration orientalisante qualifiée parfois de néo-égyptienne.

Un choix particulier des matériaux renforce l’élégance du projet tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment avec :

Un ferronnier d’art au service de la banque : Raymond Subes (1891-1970)

Ferronnier d’art sans égal dans l’entre-deux-guerres, chevalier de la Légion d’honneur et détenteur de la croix de guerre, Raymond Subes est reconnu pour avoir réalisé, avec l’appui de la société Borderel et Robert, les principaux travaux de ferronnerie d’art en France de 1919 à la fin des années 1960. Ferronnerie du paquebot Normandie, de la BNC, de la National City Bank, restauration des grilles de la Place Stanislas à Nancy, rien ne lui résiste. Ayant obtenu de nombreux prix dans des expositions d’arts décoratifs, notamment à Paris en 1925, c’est un artiste reconnu qui enseigne à la fois à l’École nationale supérieure des arts décoratifs et à l’École Boulle. Le chantier du 16 Italiens est l’un de ses projets les plus emblématiques.

La finesse des décors proposés alliée à la robustesse et la protection nécessaire à un établissement bancaire est sans équivalent.

Un bâtiment restauré pour le siège social de la première banque européenne

En 2023, après presque 10 ans de travaux, la direction générale de BNP Paribas a réintégré son siège social. De lourdes opérations de restauration et de travaux pour mettre en conformité le bâtiment ont été réalisées afin de redonner son éclat au bâtiment, qui a su traverser les vicissitudes et l’histoire du XXe siècle.


Chronologie express du bâtiment


Crédit photo image principale : Illustration du « 16 Italiens » © Céline Pernot-Burlet



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