Les générations Y (ou Millenials, nées entre 1984 et 1996) et Z (nées entre 1997 et 2010) semblent de plus en plus attirées par les marchés boursiers. Comment ces investisseurs âgés de 18 à 38 ans appréhendent-ils ce domaine ? Décryptage.
Des générations qui « jouent » en Bourse...
Depuis 2020, si les investisseurs en France sont de plus en plus nombreux à investir en Bourse, ils sont aussi de plus en plus jeunes. Selon une étude de l’AMF de décembre 2021, leur âge moyen est passé de 58 ans en 2018 et 2019, à 46 ans en 2020. 28% d’entre eux avaient moins de 35 ans, contre 12% les 2 années précédentes.
Les générations Y et Z sont particulièrement séduites par les sites et les applications de transactions boursières ou de cryptomonnaies proposant des interfaces proches de celles des jeux vidéo (transactions saluées par une pluie de confettis, machines à sous ou billets de loto offerts pour l’ouverture d’un compte, etc.). Pour certains de ces jeunes internautes, investir est un jeu... où l’on gagne ou l’on perd, comme au casino.
... connectées en permanence...
Ces « digital natives » sont ultra-connectés via de multiples applications principalement sur smartphones. Ils achètent en confiance sur le web, souvent addicts aux réseaux sociaux, ils sont de grands consommateurs d’informations... estimant souvent que les conseils glanés sur Internet leur permettent d’agir en consommateurs avertis.
Le domaine financier n’échappe pas à cet environnement. Connectés, les jeunes investisseurs pensent obtenir via le web une expertise suffisante pour voler de leurs propres ailes. Aux Etats-Unis, 41 % des investisseurs faisant partie de la génération Z déclarent avoir recours au réseau social TikTok pour accéder à l’information financière (étude Lending Tree en janvier 2021).
... qui estiment pouvoir se former en toute autonomie
Ce sentiment de bénéficier d’une bonne connaissance financière n’est pas totalement faux, bien sûr. De nombreux sites dédiés à la finance distillent des informations intéressantes sur le secteur. Les internautes n’ont probablement jamais été aussi bien informés sur les mouvements des marchés financiers.
Mais cette connaissance suffit-elle pour gérer un portefeuille, et adapter sa gestion à son profil d’investisseur et à la volatilité des marchés financiers ?
La tendance de ces derniers mois et plus particulièrement de ces dernières semaines met les nerfs des investisseurs à rude épreuve.
Baisse de 20% à 30% des principaux indices mondiaux d’actions, baisse des obligations dans des proportions similaires et effondrement des cryptomonnaies (cours du Bitcoin divisé par 3) - tous les investisseurs ont de bonnes raisons de douter et en particulier les moins aguerris ou mal accompagnés.
Connaître le B-A-BA du fonctionnement de la Bourse est une première marche positive, mais est loin de suffire pour optimiser ses investissements et les adapter aux tendances des marchés financiers. Selon Philipp Fernbach, professeur à l’Université du Colorado, « 72 % des jeunes investisseurs se disent confiants dans leurs décisions de placements. Cet excès de confiance est dangereux, d’autant plus qu’il se sont endettés, pour la plupart, pour investir. »
Des études menées dans le domaine de la finance comportementale montrent qu’un investisseur isolé est susceptible d’être influencé par des facteurs émotionnels, et en conséquence responsable d'actions irrationnelles. L’excès de confiance par exemple, conduit inévitablement à sous-estimer le risque et à s’écarter des règles de diversification.
Les professionnels peuvent aider ces jeunes investisseurs à améliorer leurs pratiques
Face à un tel constat, nul doute que les plus jeunes des investisseurs ont besoin de se faire accompagner par des professionnels de la gestion financière. Ces derniers n’aiment pas l’expression « jouer en Bourse ». Elle est aux antipodes de leurs valeurs. Un investisseur sérieux ne joue pas (avec l’idée désinvolte qu’il peut gagner ou perdre) ; il investit de façon raisonnée pour rechercher le meilleur rendement à long terme
Cela ne signifie pas pour autant - contrairement à ce que pourraient penser les jeunes investisseurs - qu’un professionnel va les inciter à gérer leurs investissements de façon trop « plan-plan ». Au contraire ! C’est justement parce qu’il est expert qu’il va pouvoir les guider dans une gestion plus dynamique.
De façon pédagogique, le professionnel va pouvoir accompagner son client pour adopter une démarche de prise de risques contrôlés, visant à accroître la rentabilité de son portefeuille. Et ceci, en respectant le contexte personnel de l’investisseur : quelle partie de ses économies peut-il placer en Bourse ? Quel est son horizon de placement par rapport à ses projets futurs ? Quelle est sa tolérance à la perte ? Autant de questions qui vont permettre de définir la stratégie à mettre en œuvre.
Enfin, l’expert permettra aussi à son client de résister aux tendances naturelles dans les marchés très volatiles, qui visent à remettre en cause la stratégie de long terme définie : la baisse ne doit pas engendrer une réaction de vente précipitée !
Si l’intérêt montant des jeunes générations pour les valeurs boursières est de bon augure, il semble important de les guider non seulement afin de préserver leurs intérêts financiers, mais aussi pour développer la part de l’investissement en actions dans le patrimoine des Français. Un enjeu essentiel pour flécher l’épargne de nos concitoyens vers l’économie.
Source : Chronique de Frédéric Biraud, Portzamparc, pour JDN