Donné quasiment pour mort dans les années 80 avec l’essor du compact-disc puis avec l’avènement du numérique, le disque vinyle séduit de nouveau.
À 71 ans, le disque vinyle connaît une seconde jeunesse. En cinq ans*, ce marché a été multiplié par cinq en France tant en valeur, avec 48 M€ de chiffre d’affaires (près de 20 % des ventes physiques), qu’en volume, avec 3,9 millions de disques vendus l’an passé. Cela a relancé les ventes de platines puisqu’il s’en est écoulé 155 000 en 2018 (+ 60 % par rapport à 2016)*. « L’engouement du public pour les galettes noires ne se dément pas, observe Patrick Deburaux, commissaire-priseur chez Art Richelieu, première maison de ventes à avoir créé un département autour du disque, du matériel musical et des instruments de musique. Considéré il y a quelques années comme un effet de mode, il est aujourd’hui redevenu un segment de l’industrie musicale enregistrée. »
À l’ère du tout dématérialisé, le microsillon fait de la résistance. « Le vinyle est un objet à part entière qu’on peut manipuler, toucher, regarder, à tel point que certains collectionneurs ne possèdent pas de platine, raconte ce passionné de musique. C’est un support de création artistique musicale mais aussi visuelle à travers les pochettes et, en ce sens, il répond aux critères d’une oeuvre d’art. » Nombreuses sont les pochettes signées d’artistes : Andy Warhol pour les Rolling Stones, Jeff Koons pour Lady Gaga, ou encore Banksy pour Blur.
Si la musique numérique peut se consommer partout, écouter un vinyle est un vrai rituel : l’ôter de sa pochette, le placer sur la platine, lever le bras, poser délicatement le diamant sur le microsillon.
S’ensuit un petit craquement inimitable. Puis le retourner pour lire la seconde face. L’expérience se veut active et demande de prendre son temps. Un vinyle s’écoute en intégralité et dans l’ordre, comme la lecture d’un livre. Impossible de zapper un morceau ou d’activer l’écoute aléatoire. Quant au son, il est plus profond et chaleureux qu’un MP3, et bénéficie d’une excellente dynamique.
Mais qui achète des vinyles ?
« Les collectionneurs, les personnes qui redécouvrent le support, mais aussi les jeunes puisque 30 % des acheteurs ont moins de 30 ans* », répond Patrick Deburaux. Ils recherchent la perle rare, des inédits, un pressage original, de belles surprises, ou « des morceaux non numérisés, ajoute l’expert. Ces disques vintage ont une valeur patrimoniale car ils sont les témoins d’une époque, d’un moment d’histoire, d’une période de la vie de l’artiste ou de la vôtre ». Les brocantes et vide-greniers sont alors des terrains de jeu privilégiés. Tout comme les disquaires qui, à l’instar des libraires, sont de bon conseil. Sans oublier les ventes aux enchères. Et même si peu de disques valent de l’argent, cette passion peut parfois coûter cher. « Le 45 tours Octopus de Syd Barrett, cofondateur des Pink Floyd, a été adjugé 10 500 €, indique Patrick Deburaux. Sa rareté, son état général et sa provenance le rendent exceptionnel. » De quoi vous inciter à ressortir vos vinyles de la cave ou du grenier, car s’y cache peut-être une pépite.
* Source : Bilan 2018 du marché de la musique enregistrée – Syndicat National de l’Édition Phonographique.
Article issu de la lettre patrimoniale n°69 du mois de juillet 2019