Le ciment décarboné a tous les atouts pour révolutionner la deuxième industrie la plus productrice de CO2 au monde, comme l’explique Julien Blanchard, président d’Hoffmann Green Cement Technologies.
« Ciment » et « green » ne sont-ils pas deux termes difficiles à concilier ?
Avec près de 4,6 milliards de tonnes produites par an, le ciment est aujourd’hui le matériau manufacturé le plus consommé au monde, mais aussi la deuxième industrie la plus productrice de CO2. Pour cette même raison, il s’agit d’un secteur où il est possible de réaliser des progrès considérables au bénéfice de l’environnement ! C’est ce constat qui nous a poussés, avec mon associé David Hoffmann, à lancer une nouvelle génération de ciments décarbonés produits à partir du traitement sans cuisson de déchets industriels. En comparaison, la production de ciment traditionnel nécessite, entre autres, la cuisson du calcaire extrait des carrières dans des fours rotatifs à 1 450 degrés pendant 18 heures. Ainsi, non seulement notre processus divise par cinq l’empreinte carbone du ciment, mais il contribue aussi à développer l’économie circulaire.
Où en êtes-vous, aujourd’hui, sur le plan commercial ?
Nous avons commencé à commercialiser nos ciments en 2019, après la mise en service de notre première usine de production en Vendée, et nous travaillons aujourd’hui avec tous les grands acteurs français de la construction (Bouygues, Eiffage, GCC…). Notre offre comprend trois types de ciment (H-P2A, H-UKR, H EVA), correspondant à des besoins différents. En termes de résistance mécanique, nos produits affichent des performances identiques, voire supérieures, à celles des ciments traditionnels. En revanche, ils sont un peu plus chers, mais le surcoût est minime ramené à l’échelle d’un immeuble. La montée en puissance
de nos moyens de production va nous permettre de réaliser des économies d’échelle et d’améliorer la compétitivité de nos produits.
Comment financez-vous votre développement ?
Nous sommes dans un secteur qui requiert un engagement industriel lourd et de long terme, surtout lorsqu’il s’agit de produits innovants et verts. Nous avons eu la chance de bénéficier de l’accompagnement et de la conviction du groupe BNP Paribas en général et de Portzamparc en particulier, qui ont compris très vite nos enjeux. Cela nous a permis de lever près de 75 M€ en Bourse fin 2019 et de financer deux nouvelles usines très innovantes, l’une en Vendée, l’autre en région parisienne. Notre ambition est d’atteindre 3 % du marché français à l’horizon 2025-2026, avec une production de 550 000 tonnes.
Julien Blanchard, président d’Hoffmann Green Cement Technologies
Serial entrepreneur français dans le secteur des matériaux de construction, Julien Blanchard reprend en 2006 la briqueterie vendéenne Gillaizeau, avant de créer la société Argilus, aujourd’hui premier fabricant français d’enduits et de produits à base d’argile. Hoffmann Green Cement Technologies naîtra en 2015 de sa rencontre avec le spécialiste des liants matériaux David Hoffmann.