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L'intelligence artificielle (IA) – un investissement intelligent ?

Publié le 25 Mai 2023 - Mis à jour le 31 Mai 2023
BNP Paribas Wealth Management

Messages clés

1.L'IA n'est pas un phénomène nouveau mais n'a eu que récemment son « moment iPhone » (= une percée).

2.L’IA a un énorme potentiel de croissance et devrait doper la productivité mondiale.

3.Investir en amont dans les nouvelles technologies n'est pas toujours une stratégie gagnante si l'on en juge par le passé. Nous préférons les bénéficiaires de cette nouvelle technologie.

4.Investir dans l'IA peut se faire directement via les entreprises technologiques impliquées, comme les infrastructures nécessaires à l'IA, les semi-conducteurs, les logiciels et les plateformes, mais plusieurs noms bien connus sont chers.

5.De nombreux autres secteurs vont bénéficier de l'IA grâce à des gains de productivité : santé, finance, robotique, automatisation, divers services aux entreprises, etc.

Le concept d'intelligence artificielle a été introduit pour la première fois dans les années 50. Toutefois, les limites de la technologie informatique et les énormes coûts qui y sont associés ont freiné sa progression. Au 21ème siècle, comme le prévoyait la loi de Moore (doublement de la densité de semi-conducteurs tous les deux ans), le traitement n’a jamais été aussi puissant et bon marché.

L'IA est une simulation de l'intelligence humaine par des machines via des algorithmes. Il s'agit d'un concept large qui englobe divers sous-groupes, dont l'apprentissage automatique, les réseaux neuronaux, l'apprentissage en profondeur (« deep learning ») et le traitement des langues naturelles. Les outils d’IA existent depuis un certain temps. Seule une nouvelle catégorie révolutionnaire de l'IA, à savoir « l'IA générative », a fini par maîtriser les capacités créatrices pour générer des idées originales sous la forme de texte, d'image, d'audio, de vidéo, de code et plus encore, le tout basé sur de simples questions. L'introduction de ChatGPT est ainsi considérée comme l’ « iPhone Moment » de l’IA. C’est le fer de lance d'une nouvelle tendance. 

L'IA générative a le potentiel de stimuler l'innovation, ce qui devrait entraîner des changements dans le comportement des consommateurs, des gains de productivité et de nouvelles sources de revenus. Le potentiel de croissance de cette nouvelle technologie semble (presque) sans limite. Le cabinet de conseil PWC a publié une étude sur l'intelligence artificielle mondiale dans laquelle il estime que l'IA apporterait une contribution de 15,7 billions d’USD à l'économie mondiale (+14 % vs 2018). Le cabinet Accenture estime que l'IA pourrait doubler les taux de croissance du PIB d'ici 2035. Ces hypothèses optimistes se fondent sur la vitesse record à laquelle le logiciel ChatGPT a été adopté. Il a atteint 1 million d'utilisateurs en 5 jours et a dépassé les 100 millions en deux mois. Par comparaison, il a fallu à Instagram 2,5 et 30 mois respectivement pour atteindre le même nombre d'utilisateurs.  Ce potentiel de croissance alimente les espoirs d'opportunités d'investissement dotées d'un immense potentiel haussier. Même si nous sommes d'accord avec cette hypothèse, nous pensons également qu'il pourrait être plus difficile de dénicher les vraies opportunités qu’à première vue.

L’histoire est simple, mais la traduire en investissement l’est nettement moins

Les dernières décennies ont été marquées par une révolution technologique, allant de l'Internet au Cloud  et un usage massif des smartphones.  Plus récemment, le confinement lié à la Covid-19 et le recours au télétravail n'ont fait que consolider les gains rapides de parts de marché du cloud et des technologies mobiles. Les investisseurs qui avaient parié sur ces nouvelles technologies ont enregistré des bénéfices extraordinaires. Au cours de la décennie se terminant au 31 décembre 2021, l'indice Nasdaq, qui a un fort biais technologique, a enregistré un gain de 21 % par an, faisant de l’ombre aux autres principaux indices de référence. Depuis lors, les valeurs technologiques/de croissance ont été confrontées à certains obstacles, mais l'IA pourrait être l'incubateur de la prochaine décennie de performances supérieures. Mais ce ne sera pas si facile.

Dans un article publié en 2008, Luboš Pástor et Pietro Veronesi, professeurs à l'université de Chicago, soulignent que les révolutions technologiques ont tendance à s'accompagner de bulles sur les actions des entreprises liées. Après un début en fanfare, les cours des firmes innovatrices chutent en général et s’accompagnent de beaucoup de volatilité. Ils font valoir que ces bulles vont de pair nécessairement avec les nouvelles technologies lorsque ces dernières sont utilisées par le grand public. Il faut du temps aux investisseurs pour identifier les nouvelles technologies qui seront adoptées en masse.

Ainsi, la grande diversité des résultats signifie que même l'investisseur le plus rationnel peut considérer comme plausibles les scenarii les plus improbables, du moins pendant un certain temps. Mais une fois que la nouvelle technologie est largement adoptée, les entreprises innovantes qui l’ont produite perdent leur potentiel de  croissance.

Par exemple, une fois que chacun a accès à Internet, il devient difficile de maintenir une croissance rapide des bénéfices liés à la vente des abonnements Internet. Par contre, les avantages de l'adoption générale finissent par profiter à la « vieille économie », qui bénéficie d’une accélération de la croissance de la productivité une fois que la technologie est largement utilisée.

Les auteurs nous rappellent qu’ « un montant d’ 1$ investi dans le Nasdaq a quadruplé entre 1996 et Mars 2000, puis est revenu à son niveau de 1996 en Octobre 2002 » après l'éclatement de la bulle Internet et lorsque le seuil critique en terme d’accès généralisé à l’internet a été atteint aux Etats-Unis. Par ailleurs, la croissance de la productivité de l'économie américaine s'est fortement accélérée. Elle est passée de 1% par an en 2002 à 1,5% en 2003, puis à 2,5% en 2004 et en 2005. Il semble que les secteurs de la « vieille économie » se sont taillé la part du lion de cette évolution. Les actions de croissance montrent en effet une forte sous-performance d’environ 3% par an par rapport à l'ensemble du marché entre 2003 et 2007.

Les faits ci-dessus nous rappellent la situation actuelle. L'IA générative est une technologie véritablement révolutionnaire qui devrait améliorer la productivité d'environ 1,5% selon la banque d’investissement Goldman Sachs. En même temps, on ne sait pas encore qui seront les rescapés dans cet écosystème de l'IA. Les investisseurs sont donc confrontés à des défis. Tout d’abord, les grandes plateformes de l’internet (les méga-caps technologiques américaines) manquent souvent de revenus importants dans ce domaine et se négocient déjà à des valorisations élevées. Ensuite, les entreprises qui pourraient être considérées comme des « pure plays » de l’IA sont souvent très onéreuses et peu rentables.

Nous tirons les leçons du passé et recherchons des secteurs qui soit fournissent le « hardware » nécessaire au développement de l'IA, ou qui bénéficieront de son adoption dans leurs opérations afin de récolter les gains de productivité futurs.

Comment investir dans l'intelligence artificielle ?

L'euphorie règne autour de quelques noms liés à l'IA, notamment Microsoft, depuis que son célèbre « ChatGPT » a été dévoilé au monde. Les moteurs et processeurs d‘IA (à savoir les semi-conducteurs haut de gamme) ont aussi attiré l'attention. Les produits de Nvidia semblent incontournables pour faire fonctionner l'IA. Mais le business lié à l’AI est encore petit au sein de ces deux géantes et la rentabilité liée est difficile à estimer. 

Comme évoqué, une euphorie similaire a été observée durant le boum de l'Internet. Ceci a conduit à la grande bulle technologique (ou « dot-com ») de l’année 2000, qui a explosé de façon dramatique.

Microsoft se négocie désormais à un ratio cours/bénéfice supérieur à 30, tandis que BNP Paribas Wealth Management prévoit un taux de croissance moyen (TCAM) de +14% par an au cours des trois prochaines années. Le ratio PEG (ratio Cours/Bénéfice ou « Price/Earnings » divisé par le taux de croissance attendu) est ainsi supérieur à 2. Ce n’est pas bon marché à un tel niveau. Pour Nvidia, le P/E est d'environ 60, tandis que le TCAM attendu sur 3 ans est de +25%. Le ratio PEG, à 2,4, est même plus élevé que chez Microsoft.

Des entreprises plus petites sont des plus « pure players » mais se négocient à des ratios encore plus exigeants.

À long terme, les grandes entreprises qui devraient le plus bénéficier des progrès de l'intelligence artificielle sont :

1.Les infrastructures et semi-conducteurs nécessaires au fonctionnement de l’IA

2. Les logiciels et plateformes facilitant l’IA

3.Les secteurs gagnant en productivité grâce à l’IA.

A quoi s’attendre ?

1. Infrastructures et semi-conducteurs nécessaires au fonctionnement de l'IA

Comme nous l'avons vu précédemment, la capacité limitée de traitement et de transmission d'énormes quantités de données avaient empêché l'IA de décoller jusqu’il y a peu. Les récents progrès technologiques ont permis de dépasser ces limites pour permettre à l'IA de devenir une réalité.

Les sociétés leaders dans les domaines des processeurs, de la mémoire, de la génération, de la transmission et du stockage de données bénéficieront de l'IA. L'industrie des semi-conducteurs est en bonne position. 

2. Logiciels et plateformes facilitant l'IA

Certaines langages de programmation et outils spécifiques sont nécessaires pour faire fonctionner l'IA. La plupart des grandes entreprises technologiques sont actives dans ces domaines, encore très petits pour le moment à leur échelle, mais appelés à croître rapidement.

Microsoft, Alphabet et Amazon peuvent se targuer d'une gamme étendue de solutions, avec une position dominante sur l’Internet et dans le « Cloud Computing », ce qui devrait les placer dans le camp des gagnants de l'IA.

Les robots de conversation, en particulier ChatGPT, mis au point par la société Open AI et promus par Microsoft, l'un des principaux actionnaires de la première, sont une application qui a récemment été mise en avant. Il s'agit probablement de l'un des premiers produits d’IA, parmi les plus matures, à la disposition du grand public aujourd'hui. 

Bien sûr, de nombreux autres produits et services d'IA sont en cours de développement. 

3. Industries appelées à gagner en productivité grâce à l'IA

L'IA devrait améliorer considérablement la productivité dans de nombreux secteurs.

Par exemple, dans le secteur de la santé, l'IA favorisera et accélérera l'analyse des données, les diagnostics, la mise au point et le test de médicaments. Le potentiel de gains de productivité est énorme. Un autre domaine clé où l'IA fera la différence est la chirurgie robotique.

Plus globalement, l'IA va accélérer le développement de la robotique et de l'automatisation, un soutien important pour de nombreux secteurs, à un moment où la main-d'œuvre devient rare dans de nombreux pays développés et où de nombreuses entreprises prévoient de relocaliser leurs usines de production. L'industrie de la robotique entre dans une nouvelle ère dorée.

L'automatisation accélérée aidera également le secteur financier dans divers processus. Par exemple, l'évaluation des risques et le processus de détermination des prix seront améliorés dans le secteur de l'assurance, menant à un calcul plus précis des primes d'assurance.

D'autres services commerciaux seront améliorés grâce à l'IA, par exemple dans les domaines des tests, de l'analyse, du marketing et de l'éducation.

Conclusions

L’IA s’accélère et atteint une phase plus mature. Le potentiel est énorme et nous pouvons maintenant parler d'une nouvelle révolution technologique.

Toutefois, les investisseurs doivent garder à l'esprit que de nombreuses sociétés technologiques impliquées dans l’IA semblent désormais fort chères, tandis que l’IA ne représente encore qu’une petite partie de leur activité, avec une rentabilité incertaine. Il y aura évidemment des gagnants, mais beaucoup ne confirmeront pas les attentes élevées intégrées dans les cours de leurs actions.

Par conséquent, nous invitons les investisseurs dynamiques à se diversifier dans d'autres secteurs qui bénéficieront de l'IA grâce à des gains de productivité accrus. À l'heure actuelle, nous apprécions avant tout le secteur de la santé, certaines valeurs financières et des entreprises liées à la robotique et à l'automatisation. 


Cet article a été réalisé par notre réseau international BNP Paribas Wealth Management.

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