Investir dans la transition vers une énergie propre reste une stratégie solide à long terme
Le premier semestre 2022 n’a pas été tendre avec le secteur des énergies renouvelables. La flambée des prix des combustibles fossiles accroît les investissements dans le pétrole et le gaz, ce qui retarde les projets d’énergie verte tant attendus. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), environ 100 gigawatts (GW) de projets d’énergie renouvelable actuellement sous contrat risquent d’être retardés en raison de la hausse des prix des matières premières. La mise en place de cette capacité pourrait finalement coûter 100 milliards USD de plus[1].
Si les défis sont réels, nous pensons toutefois qu’ils sont temporaires. À long terme, la transition mondiale vers les énergies renouvelables apportera des avantages socioéconomiques qui offrent des opportunités d’investissement intéressantes. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, le doublement de la part des énergies renouvelables d’ici à 2030 entraînerait toute une série d’effets positifs, notamment une augmentation du produit intérieur brut (PIB) mondial allant jusqu’à 1,1 %, une amélioration du bien-être mondial de 3,7 % et plus de 24 millions de personnes travaillant dans le secteur des énergies renouvelables [2].
Certains signes indiquent déjà que la tendance à l’énergie propre va se poursuivre. L’AIE prévoit qu’une quantité record de capacité renouvelable sera ajoutée en 2022, avec une augmentation attendue de + 8 % par rapport à l’année dernière et dépassant pour la première fois le niveau des 300 GW [3].
L’accent nouvellement mis sur la sécurité énergétique va inciter les décideurs à examiner les moyens de réduire la dépendance à l’égard des carburants importés, tandis que les prix élevés des carburants vont accélérer l’adoption des véhicules électriques (VE). Plus important encore, le coût des énergies renouvelables diminue à mesure que les économies d’échelle s’accroissent.
2021 s’est révélée une année record pour les énergies renouvelables : près de 290 GW de nouvelles énergies renouvelables dans un large éventail de technologies ont été livrés [4]. Le photovoltaïque solaire représente plus de la moitié de la croissance de toutes les énergies renouvelables en 2021 — les ajouts de capacités ont augmenté de 17 %. Parmi les différents moteurs de cette performance, citons le doublement des nouvelles installations éoliennes terrestres en 2020, pour atteindre près de 110 GW. Par ailleurs, selon l’AIE, les ajours de capacité atteindront en moyenne 75 GW par an entre 2021 et 2026. La capacité totale dans l’éolien offshore devrait plus que tripler d’ici 2026, pour s’élever à 21 GW.
Ces perspectives de croissance à long terme portent à croire que la transition énergétique reste une opportunité d’investissement considérable. En 2019, des chercheurs de l’Université de Stanford ont prédit que le passage au 100 % énergies renouvelables à l’horizon 2050 coûterait 73 000 milliards USD, mais que ces énergies aurait rentabilisé cet investissement en moins de sept ans [5].
Les investisseurs doivent toutefois se rappeler que les investissements dans les énergies propres ne sont pas une garantie de surperformance : ils devront choisir soigneusement leurs positions, afin d’éviter de nouveaux chocs pour leurs portefeuilles.
Associer profits et objectif
En recherchant des valeurs solides dans les énergies renouvelables, les investisseurs peuvent effectivement « récompenser » les entreprises qui accélèrent la décarbonisation sans pour autant sacrifier la croissance future. L'étude annuelle « Entrepreneurs et familles » 2021 – Impact Journey publiée en 2021 par BNP Paribas révèle que seuls 43 % des investisseurs dans le monde estiment que les investissements durables se traduisent par une réduction à court terme de la croissance, contre 71 % avant la pandémie[6].
À l’échelle mondiale, les investissements durables gagnent du terrain, et le rapport de BNP Paribas montre que 49 % des personnes interrogées attendent de leurs gestionnaires de patrimoine des conseils sur les portefeuilles d’investissement durable. Cette attente est encore plus forte aux États-Unis (60 %) et en Suisse (64 %). Certains s’attendent également à ce que leurs gestionnaires de patrimoine leur communiquent un système de notation approprié pour faire leur sélection, en particulier en Indonésie (64 %) et au Royaume-Uni (58 %). Les Millennipreneurs et les femmes investisseurs sont pour la plupart autonomes en matière de recherche sur l’investissement durable. Les Boomerpreneurs ont quant à eux tendance à compléter cette recherche par les recommandations de leurs conseillers en patrimoine. Plus de la moitié des entrepreneurs aux États-Unis, en Chine, à Singapour et sur certains marchés européens comme l’Italie, la Pologne, l’Espagne et la France sont particulièrement intéressés par les opportunités d’investissement dans les énergies propres. L’agriculture durable, la préservation de la biodiversité et l’économie circulaire sont autant d’autres points d’intérêt majeurs. Les décisions et les comportements des entrepreneurs évoluent, ces derniers étant plus conscients des défis sociaux et environnementaux mis en évidence par la pandémie. L’augmentation du recyclage et la réduction du gaspillage alimentaire constituent les principaux ajustements au niveau mondial.
Mais il est important de choisir le bon investissement si l’on veut que les investisseurs orientent leurs capitaux vers des entreprises ayant un avenir durable. La manière la plus simple d’exprimer leur opinion sur les énergies renouvelables consiste à acheter des actions de sociétés dans l’énergie verte ou des parts de fonds spécialisés dans les énergies renouvelables ou de fonds indiciels cotés (ETF).
Cependant, comme pour tous les investissements, un certain degré de recherche ou de conseil est nécessaire : si la confusion persiste au sujet des labels et des notations ESG des fonds, le contrôle réglementaire du greenwashing va s’intensifier. En fin de compte, ce processus apportera la clarté nécessaire à l’investissement ESG. Mais les règles et les normes sont toujours en évolution, et les régulateurs doivent encore convenir d’une approche harmonisée. Avant quoi, les investisseurs doivent s’enquérir des conseils d’un professionnel pour déterminer ce qui convient le mieux à leurs besoins.
Des mesures pratiques
Tout en recherchant des investissements pour favoriser la transition vers les énergies renouvelables, chacun peut faire la différence en agissant plus près de chez lui. Les énergies renouvelables ont des implications pour les familles et les individus qui veulent prendre le contrôle de leurs finances. Ils peuvent par exemple installer des panneaux solaires à leur domicile pour réduire la demande de combustibles fossiles, tout en économisant sur les factures d’énergie. Une efficacité énergétique accrue grâce à une meilleure isolation et à une utilisation plus intelligente de la climatisation et du chauffage du logement peut également réduire considérablement la demande de combustibles fossiles. De même, l’éclairage et les appareils économes en énergie peuvent eux aussi contribuer dans une large mesure à réduire la consommation.
Les inquiétudes actuelles à l’égard de la hausse des coûts de l’énergie — et de l’inflation qu’ils provoquent — pourraient se dissiper dans les mois à venir. Mais l’action mondiale visant à mettre fin au changement climatique s’inscrit dans une perspective à plus long terme et bénéficie d’un énorme soutien politique et public. Les possibilités pour les investisseurs de mettre leur capital au service de cette tendance à long terme sont légion.
[1] https://www.iea.org/reports/renewables-2021/executive-summary
[2] https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2016/IRENA_Measuring-the-Economics_2016.pdf
[3] https://www.iea.org/reports/renewable-energy-market-update-may-2022/renewable-electricity
[4] https://www.iea.org/reports/renewables-2021/executive-summary
[5] https://www.cell.com/action/showPdf?pii=S2590-3322%2819%2930225-8
[7] https://wealthmanagement.bnpparibas/content/dam/bnpparibas/News-and-Insight/entrepreneurs/entrepreneur-report/BNPP_EF_2021_PART_II_VF.pdf