Grâce à la découverte de vaccins, la fin attendue de l’épidémie devrait sonner le début de la phase tant espérée de reprise. Un environnement qui, conjugué à un contexte de taux bas, de politiques accommodantes et de plans de relance, s’annonce favorable aux actions.
Au terme d’une année 2020 aussi inédite que catastrophique, celle qui débute s’annonce, par contraste, sous de meilleurs auspices. L’issue sanitaire avec la découverte de vaccins ouvre, en effet, la perspective d’un retour progressif à une forme de normalité économique. Après une chute anticipée de 4,2 % du PIB mondial l’an dernier, l’OCDE annonçait ainsi, début décembre, tabler sur un rebond équivalent du rythme de croissance cette année. Plusieurs éléments justifient cette vigueur de la reprise. D’une part, « les campagnes de vaccination et le déconfinement des économies occidentales devraient se traduire par un fort rebond de la consommation, résume Edmund Shing, responsable de la Stratégie d’investissement chez BNP Paribas Wealth Management. Facilité par un niveau d’épargne élevé, le phénomène devrait être amplifié par les reports d’achats décalés l’an dernier en raison du confinement ». Ce sursaut de la demande domestique devrait surtout profiter aux secteurs de l’économie traditionnelle. D’autre part, le redémarrage de l’activité ne manquera pas d’être dynamisé par le soutien inconditionnel de politiques budgétaires et monétaires particulièrement accommodantes. « En préambule à d’autres mesures d’assouplissement quantitatif, nombre de banques centrales ont abaissé leur taux directeur à des plus bas historiques l’an dernier, rappelle Edmund Shing. Or, cet environnement devrait demeurer en l’état au moins pendant deux ou trois ans. »
La résurrection des valeurs cycliques
Ce contexte n’a certes rien de nouveau en Europe, mais sa généralisation devrait accentuer la recherche de rendement et inciter les investisseurs à se porter davantage sur les actifs risqués. À commencer par les actions, qui vont profiter des vents porteurs de la reprise et des plans de relance. « L’année 2021 va surtout être l’opportunité de revenir sur des entreprises plus cycliques qui vont être les principales bénéficiaires du redressement de l’économie mondiale », précise le responsable de la Stratégie d’investissement chez BNP Paribas Wealth Management. Ce dernier privilégie, dans ce contexte, l’industrie, les mines de cuivre et d’or, ainsi que la distribution (non alimentaire). Mais des thématiques comme le lancement de la 5G ou la rénovation des infrastructures pourraient aussi profiter à des secteurs spécifiques. Outre ce biais sectoriel, « il est aussi judicieux d’adopter une approche géographique en privilégiant l’Asie qui, avec la Chine, compte une longueur d’avance dans le cycle de reprise, souligne Edmund Shing. Les valeurs technologiques chinoises sont en termes d’innovation, plus intéressantes que les géants américains. Nous recommandons aussi les actions japonaises aux valorisations attractives et dont l’activité est fortement corrélée à la croissance chinoise. »
Les matières premières devraient également profiter de ce contexte de reprise. Cette classe d’actifs présente, en outre, l’avantage d’offrir plusieurs points d’entrée : en actions via les groupes miniers ou en direct sur le marché physique. « Dans le premier cas, l’effet de levier opérationnel peut être plus intéressant, suggère Edmund Shing. Les mines de cuivre ou de nickel, en particulier, pourraient bénéficier de la forte croissance du marché des véhicules électriques. » Du reste, la sortie du tunnel et le sursaut conjoncturel attendu cette année ne doivent pas pour autant sonner l’abandon de positions défensives, notamment sur les métaux précieux. « La demande aurifère devrait se maintenir à un niveau élevé, estime Edmund Shing. Les politiques accommodantes des banques centrales vont se faire sentir sur les changes, particulièrement sur le dollar. L’or apparaît, dans ces conditions, être une bonne couverture pour s’en prémunir. »
La diversification reste de mise
Dans l’ensemble, les actions devraient donc être les principales gagnantes du retour à un climat économique tempéré. En leur sein, les équipes de BNP Paribas Wealth Management y préfèrent les marchés émergents – la Chine, le Japon et l’Europe – aux dépens des valeurs américaines, notamment pour des raisons de valorisation. Les métaux de base et précieux sont à privilégier au sein des matières premières. Enfin, l’environnement obligataire plaide en faveur des emprunts d’État à dix ans en perspective de la reprise. Et, sur le front corporate, l’investment grade et les titres high yield dégradés durant la crise sont à privilégier. Si, de façon générale, la phase de redressement semble a priori assurée, certains facteurs d’incertitude commandent toutefois de diversifier l’allocation de son portefeuille.
Article extrait de la lettre patrimoniale n°75 du mois de janvier 2021