La filière vinicole a amorcé depuis plusieurs années le virage de la digitalisation. L’occasion de se réinventer grâce aux nouvelles technologies sans renier sa culture ancestrale.
Terroirs, vendanges, millésimes, grands crus… L’univers du vin est indissociable de pratiques et de traditions séculaires. Pour autant, celui-ci est loin de capitaliser sur son seul passé. Surfant sur l’essor du digital, le marché vinicole se réinvente depuis quelques années au fil des innovations numériques. « Le plus frappant, c’est que la révolution en cours est propre à l’ensemble du secteur, souligne Benoît Léchenault, directeur d’Agrifrance et auteur de l’étude “Le numérique révolutionne le marché mondial du vin”. Cela touche la filière de la production jusqu’à la distribution. » Ce nouvel âge du secteur vinicole se mesure tout d’abord au cœur des domaines, où les exploitants ont de plus en plus recours aux drones ou autres robots. Ces technologies favorisent la mise en place d’une viticulture de précision aux applications multiples : repérer des pieds de vignes manquants, contrôler l’état sanitaire d’un vignoble, mesurer la température d’un chai et son hygrométrie… L’assistance technologique est loin d’être superfétatoire. Comme dans d’autres secteurs, le recoupement des données collectées vise à améliorer la qualité et les rendements, mais aussi la traçabilité du produit. Du reste, « ces technologies restent encore onéreuses, relève Benoît Léchenault. Tout laisse à penser que la filière va vers une mutualisation des besoins afin de réduire significativement les coûts ».
En aval, la commercialisation s’est naturellement convertie à la digitalisation. L’an dernier, le commerce en ligne dans le secteur a représenté plus de 10 Md$ dans le monde, soit 5 % des ventes totales. Cet essor, « plus propre aux nouveaux marchés émergents qu’aux pays traditionnellement consommateurs », comme le relève Benoît Léchenault, a vu croître fortement le nombre de sites spécialisés – plus de 400 recensés en France. Par ailleurs, le secteur innove avec de nouvelles offres dédiées à la filière et à ses consommateurs. À l’instar de la start-up eProvenance, dont les services permettent d’assurer durant le transport le maintien de températures et d’hygrométrie appropriées, ou encore de l’application gratuite Vivino – le « Shazam » du vin – qui offre aux consommateurs la possibilité de connaître la qualité du vin en scannant l’étiquette de la bouteille. Autant d’innovations qui montrent que, à l’ère numérique, le secteur sait se réinventer sans jamais renier son caractère ancestral.
Cet article a été initialement publié dans la lettre patrimoniale de juillet 2018.