En ces temps incertains où la crise climatique bat son plein, où la démocratie semble en péril en plusieurs points du globe et où la guerre se présente aux portes de l’Europe, l’art peut-il nous apprendre à mieux vivre ensemble ? Commissaire invité, Marc Donnadieu tente d’y répondre à Art Paris, à travers un parcours “Art & Engagement” qui fait cohabiter 20 artistes d’horizons différents.
L’art peut-il être un chemin vers la bienveillance ? Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche déclarait en son temps : “L’artiste a le pouvoir de réveiller la force d’agir qui sommeille en d’autres âmes”. De manière frontale ou plus discrètement, sous forme de chroniques intimistes, des artistes du monde entier lèvent “leurs outils” face aux violences et aux injustices dont ils sont les témoins. Parfois au péril de leur vie, ils créent un débat en dévoilant une réalité, sans jugement ou en prenant fermement position. Commissaire invité, Marc Donnadieu, à travers son parcours “Art & Engagement” a mis en lumière 20 artistes engagés à leur façon. Acerbes, ironiques ou poétiques, leurs œuvres s’inscrivent dans ce long combat qui alimente tout un penchant de l’histoire de l’art. La colonne vertébrale de cette sélection s’articule autour de quatre figures titulaires inspirantes : l’Américaine Nancy Spero, dont tout le travail est dédié aux victimes des totalitarismes, du capitalisme et de la domination masculine, Hervé Télémaque, co fondateur du mouvement de la figuration narrative, Paul Rebeyrolle, qui dans ses peintures barbares dresse le portrait grinçant d’une humanité autodestructrice, et Germaine Tillion qui n’a cessé de répéter tout au long de sa carrière : “Résister c’est exister”. Nous nous sommes attardés sur le regard d’un de ces mentors et de deux héritiers de ces artistes.
Apolonia Sokol - Galerie The Pill
Artiste française particulièrement cosmopolite, Apolonia Sokol est citoyenne du monde. D’origine polonaise, ayant exercé son art au Danemark, à Los Angeles ou New York, elle est emblématique d’une nouvelle génération de femmes peintres, intrépides et audacieuses, nées dans les années 80. Dans son œuvre, elle revisite l’art du portrait pour déconstruire la marginalisation ou la domination. Avec ses pinceaux, elle immortalise des artistes ou des militantes engagées pour en saisir l’intensité tout en soulignant leur fragilité. Une démarche proche de celle d’Alice Neel.
Kubra Khademi - Galerie Eric Mouchet
Artiste incontournable, ayant réalisé l'affiche de la 76ème édition du Festival d’Avignon, Kubra Khademi est une plasticienne pluridisciplinaire installée en France. Tout son travail repose sur son statut de réfugiée afghane. Désormais libre de s’exprimer, l’artiste répond à cette société tyrannique et extrêmement patriarcale, en représentant, dans un style naïf mais expressif, des femmes telles des divinités ou des guerrières, libres de jouir de leur corps.
Hervé Télémaque - Galerie Rabouan Moussion
Décédé en France en 2022 et d’origine haïtienne, Hervé Télémaque, associé au courant du surréalisme, est un des pionniers de la Figure narrative, un mouvement apparu au début des années 60 qui marque un retour à la nouvelle figuration, en opposition à l’abstraction et au pop art. One more (do it again), 2021, dévoilée sur le stand de la Galerie Rabouan Moussion est un remake d’une toile détruite, datant de 1959, qu’il dédie à son professeur états-unien Julian Lévi et à la mère de sa fille.
Visuel : The Great Battle by Kubra Khademi-2023