En France, au 3e trimestre 2024, pour la première fois (les séries statistiques débutant en 1949), les entreprises non-financières ont davantage investi (Mds EUR, prix constants) dans le poste « information et communication » que dans la construction (panel A de notre graphique). Un basculement qui devait survenir tôt ou tard, en raison du développement tendanciel de l’investissement immatériel (dans lequel l’ « information et communication » représente le poste principal). Ce poids croissant accompagne, en particulier, le recours de plus en plus répandu à l’électronique et au logiciel dans les biens consommés aujourd’hui, y compris au sein des secteurs traditionnels, comme l’automobile.
PANEL 1
PANEL 2
Ce phénomène s’observe également ailleurs en Europe, même si les données y sont regroupées différemment et n’autorisent pas le même degré de précision. Sur le panel B, on compare l’investissement dans la construction neuve hors logement à celui dans les services générateurs de propriété intellectuelle (SGPI). Au 2e trimestre 2024, l’investissement dans les SGPI se rapproche de celui dans la construction, et le dépasse même en Allemagne. Dans ce pays toutefois, si les SGPI dominent d’ores et déjà, c’est notamment parce que l’investissement dans la construction neuve hors logement est faible, inférieur à celui de la France depuis 2019 malgré un PIB nettement supérieur.
De fait, l’investissement dans les SGPI en France n’est inférieur que de 6% à son équivalent allemand, contre un écart de près de 29% en termes de PIB (en termes réels). L’avance relative de la France sur ce type d’investissement est également notable vis-à-vis de l’Italie ou de l’Espagne (investissement français en SGPI près de 2,2 et 3 fois plus élevé, respectivement, contre un PIB français, en euros constants, supérieur de près d’un tiers au PIB italien et représentant près du double du PIB espagnol).
Ainsi, au vieil adage « quand le bâtiment va, tout va » pourrait s’ajouter un autre « quand la (French) tech va, tout va ». Une chose est certaine : l’investissement en logiciel devrait continuer à croître, en parallèle aux usages croissants auxquels il est appelé à répondre. Il devrait donc être moins cyclique que l’investissement dans la construction. De plus, comme le logiciel se déprécie plus rapidement que le bâtiment, il devra être renouvelé plus fréquemment, ce qui renforcera le soutien tendanciel qu’il apporte à l’investissement des entreprises : un déterminant structurel de la croissance française, appelé à le rester dans les prochaines années.