En bref : une dynamique solide dans de nombreuses régions du monde
Points clés
1. La solidité de la consommation, en particulier des services, a créé la surprise et a fortement soutenu les actions américaines. Dans le même temps, l’engouement autour de l'intelligence artificielle a contribué à gonfler les valorisations des valeurs technologiques.
2. Le tassement de l'inflation est un facteur de soutien important.
3. Dans l'ensemble, la dynamique bénéficiaire se reprend en Europe, aux États-Unis et en Chine grâce à une économie relativement résistante et à une saison de résultats robuste au premier trimestre, les entreprises européennes bénéficiant des plus fortes révisions à la hausse.
4. La saison de publication des résultats du deuxième trimestre/ premier semestre 2023 devrait être bonne même s’il risque d’y avoir des déceptions de la part de certaines sociétés qui manqueraient de pouvoir de fixation des prix et/ou qui souffrent d’excès de stocks et qui doivent donc procéder à des déstockages.
5. Certains de nos principaux paris se sont très bien comportés cette année, en particulier le Japon (+16 % au T2), mais aussi l'Europe et certains pays émergents comme la Corée du Sud, le Mexique ou le Brésil.
6. Nos thèmes d’investissement 2023 performent bien également, en particulier l’économie circulaire, les technologies propres et la thématique pénurie & sécurité. Nous vous invitons à lire le Focus Stratégie de juillet pour plus d'informations et une mise à jour complète de nos thèmes 2023.
Principales recommandations
(+) Il est temps de s’intéresser aux actions trop en retard: les grandes valeurs technologiques et de qualité ont très bien performé au premier semestre. Les semi-conducteurs restent bien orientés et ont encore du potentiel d'après nos analyses. Nous apprécions également le secteur des soins de santé. Mais comme de nombreux titres de qualité sont désormais chers, il convient de rester diversifié, via aussi des actions cycliques bon marché et solides (Energie, Matériaux, Financières européenne).
(+) Côté pays, le Japon, l'Europe, la Chine et les autres marchés émergents apparaissent toujours plus attractifs que les États-Unis (car les valorisations y sont plus élevées).
(-)Il convient de faire preuve de prudence et de sélectivité dans les segments de marché onéreux tels que les biens de consommation de base, certaines grandes capitalisations technologiques américaines et certains biens de consommation cycliques : le pouvoir de fixation des prix diminue et les bénéfices d'exploitation sont mis à rude épreuve avec la hausse des coûts. Certains ratios cours/bénéfice très élevés sont désormais difficiles à justifier compte tenu des perspectives de BPA 2023.
Les principaux risques ont trait à une potentielle hausse des taux d’intérêt plus forte que prévu de la part de la Réserve fédérale américaine ou de la BCE, ce qui déclencherait un ralentissement économique plus marqué, voire même une récession. La liquidité devrait baisser au cours des prochains mois, notamment aux États-Unis.
Une forte correction du marché américain de l'immobilier résidentiel ou commercial pourrait peser sur la consommation, voire se traduire par des prêts non performants.
Perspectives des actions
Volatilité attendue mais contexte toujours plutôt favorable
Nous pensons que les perspectives des actions restent bonnes malgré le contexte plus compliqué à court terme. Ces dernières semaines, les banques centrales ont en effet annoncé davantage de resserrements monétaires, considérant que l’inflation n’est pas encore totalement maîtrisée. La confiance des acteurs économiques diminue, notamment celle des directeurs d’achats des entreprises (cf. slide 7/ point 4). C’est dans le secteur manufacturier que la baisse est la plus marquée, exacerbée par un gros déstockage dans plusieurs industries, notamment la chimie. Il faudra encore attendre quelques mois avant d’observer une reprise significative.
Par contre, les PMIs dans les services restent fermes, portés par une forte consommation des ménages, liée au plein emploi et à des hausses attendues des salaires. Entre autres, le secteur des voyages & loisirs ainsi que le luxe en profitent bien, enregistrant de belles hausses en 2023. Les attentes liées à l’Intelligence artificielle (IA) ont également propulsé le secteur technologique à la hausse; il efface quasiment l’ensemble de ses pertes de 2022. Mais il faudra attendre avant d’observer un effet significatif de l’IA sur les profits des entreprises. Nous conseillons également de miser sur les « moteurs » de l’IA, en particulier les semi-conducteurs, et sur les secteurs qui devraient beaucoup gagner en productivité, par exemple la santé.
L’essentiel des gains des marchés financiers, et en particulier du S&P 500, s’explique en 2023 par un re-rating des actions (donc, elles sont de plus en plus chères – voir graphique à côté) et non pas par des bénéfices en croissance. Une reprise des profits est attendue à la fin de l’année et en 2024. En-dehors de la technologie, on ne peut pourtant pas parler d’euphorie boursière (cf. slide 6/ point 3). Beaucoup de secteurs sont à la traîne et il faudrait observer une hausse étendue à plus de secteurs et d’ actions pour assurer la poursuite du rallye. C’est ce que le marché tente de faire en ce moment (cf. slide 5/ point 2). L’Europe, outre des valorisations plus raisonnables qu’aux Etats-Unis, affiche des perspectives bénéficiaires meilleures qu’en début d’année (cf. slide 6/ point 3) et des révisions supérieures aux autres régions du monde.
Quoiqu’il en soit, la récession attendue des économies occidentales, est en bonne partie intégrée par les marchés financiers. Il est peut-être temps de commencer à regarder « de l’autre côté de la vallée ». Le plein emploi, une épargne importante et des niveaux de dettes faibles dans le secteur privé soutiendront la consommation, l’investissement et l’activité économique. La Chine devrait aussi se reprendre grâce à des nouveaux plans de relance (cf. slide 8/ point 5). Pour les investisseurs sensibles aux tensions géopolitiques, nous suggérons certains marchés qui devraient profiter dans tous les cas du « contexte chinois » (cf. slide 9/ point 6).
Nous restons positifs sur les marchés actions avec une préférence pour les régions autres que les Etats-Unis (les actions américaines sont déjà bien valorisées, surtout les grosses capitalisations). Il convient de ne pas sous-estimer la puissance du « momentum » des actions : Bank of America nous rappelle que lorsque le S&P 500 gagne plus de 10% lors du premier semestre d’une année, la hausse se poursuit dans 96% des cas et l’indice finit l’année avec un gain de plus de 20% dans 68% des cas!
Notre vision sur les actions asiatiques
Dans l'attente de nouvelles mesures de relance en Chine
• Le Premier ministre chinois Li a déclaré lors du Forum économique mondial que la croissance s'était accélérée au deuxième trimestre et que le gouvernement mettrait en place des mesures plus pratiques et efficaces pour accroître la demande intérieure. Malgré le manque de précision, il est clair qu’un soutien supplémentaire sera fourni. Les récentes baisses de taux et les mesures d'assouplissement ciblées annoncées ne suffisent pas à convaincre les marchés que les mesures de relance seront suffisantes pour raviver l’économie.
• Pékin doit rapidement apporter un soutien plus important pour restaurer la confiance des consommateurs, des entreprises et des investisseurs, car même après la réouverture, l'épargne des ménages reste à un niveau très élevé et le chômage des jeunes atteint un niveau record.
•Il convient de garder un œil sur la prochaine réunion économique du Politburo (fin juillet ou début août). Nous pourrions assister à la mise en place d'un ensemble de mesures plus complet pour faire face aux défis pressants dans les domaines de l'investissement privé, de la promotion immobilière, du chômage des jeunes et de la dette des véhicules de financement des administrations locales (LGFV).
• La situation géopolitique entre les États-Unis et la Chine demeure incertaine. D’un côté, la secrétaire du Trésor américain Janet Yellen s’est rendue à Pékin début juillet pour les premières négociations économiques de haut niveau, mais d’un autre côté, l'administration Biden pourrait réglementer et peut-être couper certains investissements américains en Chine et imposer de nouvelles restrictions à l'exportation de puces d'IA vers la Chine.
Thème du mois: Fortunes variées en lien avec la Chine
Chine et Asie développée
Les attentes étaient élevées en 2023 pour la Chine. La réouverture de son économie post-covid laissait espérer une forte reprise de l’activité économique. Certes, la consommation s’est montrée très ferme, profitant aux secteurs liés, et d’autres segments de marché se portent bien, notamment les entreprises liées à la transition énergétique et à l’électrification de l’économie.
Mais les investisseurs restent sur leur faim : le marché immobilier er le secteur manufacturier en général tardent à se reprendre. Les tensions géopolitiques font craindre une baisse des investissements de l’étranger en Chine et une difficulté à se procurer des composantes électroniques-clefs, notamment dans le secteur des semi-conducteurs. Dès lors, certains investisseurs préfèrent réorienter leurs investissements vers d’autres marchés asiatiques qui, outre une bonne dynamique domestique, profitent de la reprise de l’économie chinoise mais devraient moins souffrir des tensions géopolitiques, en particulier le Japon et la Corée du sud.
Amérique latine et Asie émergente
Les grands marchés latino-américains, notamment le Mexique et le Brésil devraient profiter du contexte chinois. En cas de forte reprise, ces pays, gros producteurs de pétrole et autres matières premières et agricoles fourniront d’autant plus à la Chine et au reste du monde. Par ailleurs, les tensions géopolitiques poussent de nombreuses sociétés américaines à relocaliser une partie de leur production plus près de chez elles. Enfin, des usines chinoises s’ouvrent en Amérique latine. La main d’œuvre y est abondante et bon marché. Dès lors, les perspectives semblent bonnes pour cette région qui montre une dynamique positive et dont les valorisation sont encore raisonnables.
En Asie, l’Indonésie montre des caractéristiques démographiques et économiques similaires au Mexique et au Brésil (population jeune, exposition aux matières premières).
D’autres économies asiatiques devraient profiter d’un certain phénomène de délocalisation et de diversification des sites de productions en-dehors de la Chine, notamment l’Inde. Mais les valorisation des actions y sont beaucoup plus élevées.
Bon potentiel pour les soins de santé et les semi-conducteurs (en particulier les équipementiers, ainsi que les semis liés à l’IA et à la transition énergétique)
Soins de santé
Le secteur offre un large éventail de valeurs de qualité à des valorisations raisonnables qui permettent de s’exposer à de nombreux thèmes porteurs tels que le vieillissement de la population, la qualité de vie et l'innovation. Pour les investisseurs plus défensifs, ce secteur offre des dividendes et des flux de trésorerie relativement sûrs et croissants. De plus, il bénéficie d’un bon pouvoir de fixation des prix. Nous prévoyons aussi, grâce à l’IA, des gains de productivité significatifs dans tous les domaines: diagnostics, recherche & développement, tests de nouveaux médicaments et équipements médicaux. La consolidation récente représente donc une bonne opportunité d’achat.
Semi-conducteurs
Les sociétés de semi-conducteurs surfent sur les tendances d’IA et de technologies propres, notamment les processeurs haut de gamme, ainsi que les équipementiers, en prévision des nouveaux investissements attendus.
Ce secteur est devenu particulièrement stratégique, non seulement en raison de l'IA, mais aussi en raison de son rôle essentiel dans la transition énergétique et dans les nouvelles applications industrielles. Plus que jamais, il est protégé et soutenu par les gouvernements de tous les grands pays.
Allocation sectorielle : pas de changement ce mois-ci
Dans l’attente des résultats T2-S1 2023, il vaut mieux être bien diversifié.
Les attentes de récession en Europe et aux Etats-Unis ainsi que les déceptions quant à la lenteur de la reprise du secteur manufacturier et de la Chine sont maintenant bien intégrées par le marché. Dès lors, il convient de profiter des faibles valorisations de certains secteurs cycliques pour accumuler des positions.
- Au sein des secteurs défensifs et de qualité, nous maintenons notre préférence pour la santé. Ce secteur reste relativement peu cher alors que le spectre de coupes dans les budgets de la santé aux Etats-Unis s’est atténué suite aux récentes décisions budgétaires qui y ont été votées. Les soins de santé devraient également fortement bénéficier de l'IA.
- Les investisseurs prudents peuvent se diversifier vers d'autres actions solides et/ou peu chères et/ ou à dividendes élevés, comme l’énergie, les financières, les services aux collectivités bénéficiaires de la transition énergétique.
- Inversement, beaucoup d’actions liées à la consommation sont chères et vulnérables. Le consommateur accepte de plus en plus difficilement les fortes hausses des prix à la consommation depuis début 2022.t
Après la forte reprise des actions de qualité que nous avions recommandées dès le mois de mars, les niveaux de valorisation désormais très élevés incitent à se tourner vers des secteurs injustement délaissés. Mais il est préférable de rester bien diversifié à l'heure actuelle vu les nombreuses incertitudes existantes.
- Les géantes technologiques ont bénéficié d'une « fuite vers la qualité » et de l’IA, mais elles sont maintenant très chères, raison pour laquelle il faut faire preuve de prudence et de sélectivité. Il y a beaucoup d’enthousiasme autour de l’IA mais beaucoup de « pure plays » sont chers. Essayez d'identifier et de miser sur les entreprises qui devraient bénéficier de gains de productivité et évitez les sociétés qui souffriront de l'IA.
- La reprise chinoise reste molle au niveau industriel, raison pour laquelle les secteurs fort corrélés des matériaux et de l’énergie tardent à se reprendre. Avec de nouvelles mesures de stimuli attendues, la reprise se profile enfin. Pour rappel, la Chine reste le premier consommateur mondial de matériaux et les stocks de matières premières sont globalement faibles.
- L'immobilier européen coté est bon marché mais continue à souffrir d’incertitudes concernant son refinancement, sa croissance et ses dividendes.