Face aux défis environnementaux et aux changements de nos sociétés, les professionnels des marchés financiers ont un rôle central à jouer auprès de leurs clients. La finance constitue un levier majeur d’accélération vers un modèle économique durable. En combinant notre expertise et l’influence de nos clients, nous pouvons ensemble construire un avenir plus durable et harmonieux.
Faire des discours sur le réchauffement climatique est une chose, mettre en place des actions concrètes, c’est mieux. Euronext a lancé il y a 2 semaines le « CAC SBT 1,5° », un nouvel indice, spécialement consacré au climat. Ce nouvel indice doit permettre non seulement aux entreprises d’envoyer un signal clair affichant leur volonté de s’engager pour lutter contre la crise climatique, mais aussi aux investisseurs d’identifier les entreprises qui ont pris des mesures ambitieuses. Décarboner totalement leur activité et réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre, tel sera l’objectif des 40 membres du CAC SBT 1,5°.
L’approche extra-financière présente un intérêt aussi bien pour les entreprises que pour les investisseurs individuels
Pour une entreprise, cette approche basée sur les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) peut faire prendre conscience de la nécessité d’évoluer. Il peut être dommageable d’attendre une éventuelle controverse pour l’intégrer.
Sur le plan boursier, il est intéressant de souligner que selon une étude de la Société Générale fondée sur la performance de 80 entreprises cotées ces 15 dernières années, les sociétés confrontées à des polémiques liées à l’ESG affichent en moyenne une performance de 12% inférieure au reste du marché, pendant les 2 ans qui suivent la polémique.
Pour un investisseur individuel, l’approche extra-financière est complémentaire à l’analyse financière classique. L’intégration des critères ESG permet une meilleure compréhension des entreprises et de leurs activités. Elle contribue à l’identification :
-De facteurs de risques parfois ignorés par l’analyse financière classique comme ceux d’ordre réglementaires ou de réputation.
-D’opportunités porteuses en termes de croissance de chiffre d’affaires ou de valeur sur le long terme comme la transition énergétique.
Les entreprises liées à la transition énergétique ont des besoins pour financer leur croissance
En 2022, alors que l’activité mondiale des introductions en Bourse a été affectée par une volatilité accrue et des conditions de marché défavorables, le secteur de l'énergie a été le plus actif en valeur totale de transactions (Etude EY : Après une année record, les IPO plongent en 2022 | EY - France). Sans surprise, les entreprises qui innovent le plus sont celles orientées vers la production d’énergies nouvelles. On ne compte plus les introductions en bourse de sociétés telles que Lhyfe (production d’hydrogène vert), Haffner Energy (production d’hydrogène vert à partir de biomasse) ou encore Okwind (trackers solaires pour l’autoconsommation électrique).
Suite aux nouvelles exigences réglementaires en matière de finance durable, les professionnels de la place font évoluer les outils disponibles pour leurs clients.
Jusqu’à présent, la plupart des acteurs financiers ont pratiqué a minima une politique d'exclusion sectorielle (surveillance ou exclusion d’entreprises) et au mieux, développé des modèles propriétaires pour évaluer l'intégration ESG des différents instruments financiers (action, obligation, ETF ou OPC).
Depuis mars 2021, la Commission européenne a présenté un plan d’action pour la finance durable en mettant en place un cadre et un langage commun. Concrètement, pour soutenir la transition écologique et solidaire, elle a défini une série d’objectifs. La réduction de nos émissions nettes de CO2 d'au moins 55 % d'ici à 2030 en est un exemple. Dans la mesure où le montant des investissements nécessaires est conséquent et où le secteur public ne peut y répondre totalement, la Commission a décidé qu’il fallait faire appel aux capitaux privés par le biais des Assurances-vie, Comptes-titres ou encore le Plan Epargne en Actions (PEA).
Pour atteindre ce dernier objectif, le régulateur a souhaité apposer un dispositif complet qui englobe toute la chaîne des investissements : des rapports des entreprises en passant par les sociétés d’investissements et les distributeurs de produits financiers, jusqu’aux particuliers qui formulent leurs préférences ESG auprès de leurs intermédiaires habituels. Toutes les parties prenantes travaillent donc sur leur propre feuille de route.
La montée en compétence des conseillers financiers constitue un enjeu de taille
Selon l’enquête annuelle du FIR consacrée à ce sujet, les Français sont une majorité́ à accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements. Pourtant, ils ne sont que 7 % à déclarer avoir déjà̀ investi dans des produits d’Investissement Socialement Responsable, et seulement 8 % disent s’être vu proposer de l’ISR par leur banque ou leur conseiller. Selon une étude de Deloitte, 66% des clients particuliers estiment que cet investissement est de nature à renforcer leur confiance dans la gestion de leur épargne.
Ces enquêtes montrent que la montée en compétence des conseillers financiers constitue un enjeu de taille. Chez Portzamparc, nous avons d’ailleurs créé, il y a quelques années, une équipe de référents ESG pour intégrer l’approche extra-financière à nos processus de sélection. Il nous semble important d’expliquer à nos clients notre démarche et d’obtenir leur adhésion.
La réglementation avance et les professionnels de la finance doivent s’adapter. L’émergence d’un code commun apparaît indispensable pour ne pas se perdre dans les dédales de l’ESG. En répondant aux attentes de leurs clients, les intermédiaires financiers réalloueront le capital. Ainsi, ensemble, nous réussirons à allier l’intérêt des particuliers pour les enjeux durables aux besoins de financement de la transition écologique et solidaire.