Si la crise a créé une situation d’attentisme à court terme, elle devrait amener les fonds de capital-investissement à privilégier davantage les investissements de qualité sur le long terme.
La crise du coronavirus a eu un fort impact sur l’économie et sur les marchés financiers, mais qu’en est-il plus précisément de ses effets sur le capital- investissement ? Pour bien appréhender les perspectives de cette classe d’actifs, il faut distinguer le court et le long terme. À courte échéance, le private equity est touché à l’image de l’économie réelle, certains secteurs étant particulièrement affectés (comme la distribution ou le tourisme), alors que d’autres s’en sortent plutôt bien (à l’instar du digital, de la technologie ou de la santé). « En outre, compte tenu du recul de l’activité économique et de la volatilité des marchés financiers, l’incertitude s’est accrue sur les valorisations, souligne Claire Roborel de Climens, responsable des investissements non cotés et alternatifs chez bNP Paribas Wealth management. Les deals se sont raréfiés au 2e trimestre du fait du décalage entre les attentes des vendeurs et la prudence des acheteurs. Les valorisations des fonds, quant à elles, semblent plutôt stables à fin juin par rapport au 31 décembre 2019 ».
Des opportunités
Actionnaires actifs, les fonds de capital-investissement se sont très vite mobilisés, en compétences et en capital si, nécessaire, pour aider le management de leurs entreprises à maintenir le cap. Même si les nouvelles transactions ont été mises en pause au printemps, les fonds sont maintenant aux aguets pour saisir les opportunités qui émergent. Mais la crise devrait avoir un impact sur la stratégie d’investissement des fonds, avec un phénomène de « flight to quality » amenant à privilégier des sociétés performantes mais dont la gestion peut-être encore améliorée ou dans des secteurs bénéficiant de ce nouvel environnement. « Dans tous les cas, on ne peut que rappeler le conseil donné déjà auparavant (lire Lgf 22), à savoir ne retenir que les gérants qui ont déjà démontré leur capacité à gérer les crises, à créer de la valeur même en achetant à des multiples élevés et en revendant à des multiples inférieurs si le marché se contracte », conclut Claire Roborel de Climens. C’est aussi un investissement dont le potentiel de valeur s’exprime surtout sur le long terme, d’où le qualificatif souvent mérité de « patient capital ».
Article extrait de la lettre Gestion de fortune n°28 du mois de octobre 2020