Parce qu’il est crucial de répondre aux enjeux sociaux et environnementaux avec des solutions durables, BNP Paribas a choisi d’accompagner de façon ciblée les entrepreneurs à impact. Dès 2014, année de promulgation de la loi Hamon sur l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), le Groupe lance « Act For Impact », un dispositif spécifique destiné à accompagner les entrepreneurs à impact dans leur développement. En complément de ce programme, l’Accélérateur d’Entreprises à Impact Positif (PIBA pour Positive Impact Business Accelerator en anglais) a été créé afin de proposer des solutions additionnelles à l’offre "Act for Impact", comme les contrats et investissements à impact. Ces outils innovants permettent de relier performance économique et contribution positive à la société. Combien d’entreprises ont-elles pu en bénéficier ? Pour quels montants ? Avec quels résultats ? C’est à toutes ces questions – et plus encore – que répond le tout premier rapport d’activité et de performance sociale de l’Accélérateur d’Entreprises à Impact Positif. Entretien avec sa responsable, Maha Keramane.
Quels grands enseignements tirez-vous de ce premier rapport d’impact ?
Maha Keramane : Les entreprises à impact ont pour vocation de répondre à un enjeu social ou environnemental peu ou mal couvert et notre ambition est de les accompagner au mieux. Pour ce faire, une de nos premières missions a consisté à concevoir un outil permettant d’évaluer l’impact des initiatives de nos partenaires. Dans ce tout premier rapport PIBA qui s’appuie sur cette méthodologie, MESIS – pour Mesure et Suivi de l’Impact Social - nous avons souhaité, avant tout, valoriser la diversité de ces initiatives.
Le principal enseignement est que chaque projet est unique et que les besoins auxquels il répond sont multiples, il n’est donc pas simple d’en rendre compte de façon fine et exhaustive. Il est nécessaire de réaliser des arbitrages et des simplifications, même si cela ne peut pas refléter toute la richesse des actions menées.
Un deuxième enseignement est qu’une approche évaluative ne peut être ni parfaite ni statique. Elle doit être dynamique et en amélioration continue.
Cette méthodologie nous permet de répondre à 4 questions clés : le projet est-il vraiment « à impact » ? Qui sont les bénéficiaires des projets que nous accompagnons ? Quels sont les biens et les services qui leur sont proposés ? Et enfin, quels sont les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités ? Nous avons défini 13 domaines d’impact pour classifier les projets accompagnés, les plus représentés étant l’accès à l’emploi, le changement climatique et l’accès à la santé et au maintien de l’autonomie.
C’est aussi pour nous l’occasion de dresser notre propre bilan et de mettre en œuvre de façon plus tangible les 3 piliers de l’investissement et du financement à impact, à savoir, l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesurabilité. Afin de mieux promouvoir ces principes au sein du Groupe et les diffuser plus largement, il était important de se soumettre à l’exercice !
Vous évoquez les contrats à impact et les investissements à impact. Quels sont les rouages de ces deux dispositifs ?
Maha Keramane : Il faut bien différencier ces deux produits car le Groupe joue un rôle différent dans chacun d’eux. Les contrats à impact sont des mécanismes de financement qui lient les paiements à l’atteinte d’objectifs prédéfinis. Concrètement ? Des investisseurs pré-financent un projet expérimental qui vise une amélioration sociale ou environnementale tangible, par exemple l’insertion professionnelle ou la réduction des émissions de CO2, porté par un acteur de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire). Le remboursement des investisseurs est exclusivement conditionné à l’atteinte de résultats sociétaux définis en amont. Si les impacts fixés sont avérés et attestés par un évaluateur indépendant, une organisation - souvent publique - rembourse l’investisseur avec une prime éventuelle de sur-performance. La valeur-ajoutée de ces contrats réside dans le fait d’incorporer une mesure d’impact dans un mécanisme financier favorisant ainsi l’efficacité des initiatives. BNP Paribas, au travers de PIBA, joue un rôle de facilitateur et réalise l’ingénierie financière : il structure l’offre et trouve les bons investisseurs. C’est une opération qui est gagnante pour tout le monde si c’est un succès : les porteurs de projet peuvent expérimenter sans risque financier, l’investisseur peut recycler son investissement dans un nouveau contrat à impact. Quant aux pouvoirs publics, ils peuvent détecter des initiatives qui peuvent transformer les politiques publiques.
Bilan des contrats et des investissements à impact à fin 2023
Dans ce rapport, plusieurs sociétés et associations à impact témoignent de leur accompagnement par le Groupe. Pouvez-vous nous donner des exemples qui illustrent les actions menées par PIBA ?
Maha Keramane : Au-delà des chiffres qui permettent d’objectiver et de quantifier des impacts, donner la parole à ceux qui portent le changement était une évidence. Parmi les contrats à impact arrivés à échéance, je peux citer celui de La Fondation Apprentis d’Auteuil en France, qui a créé un nouveau mode d’accompagnement des familles en précarité matérielle, dans le but d’éviter le placement des enfants et de maintenir la cohésion familiale, et dont le modèle a été pérennisé par les pouvoirs publics en Loire-Atlantique et en Gironde. Aux Etats-Unis, nous avons co-construit et financé « Connecticut Family Stability Pay for Success Project » qui soutient les familles touchées par une addiction afin d’éviter le placement de leurs enfants en foyer. Du coté de nos investissements à impact, nous avons investi dans Ecodair, une structure aux multiples impacts qui recycle du matériel informatique en employant des personnes en situation de handicap ou en insertion, ou encore dans Merci Julie, une entreprise sociale d’ergothérapie qui adapte et rénove les logements des personnes âgées afin de prévenir les chutes et la perte d’autonomie.
Quels sont les grands enjeux de PIBA pour les années à venir ?
Maha Keramane : Il y a toujours beaucoup à faire dans le domaine de l’impact qui est en perpétuelle ébullition ! Il est difficile de dresser une liste exhaustive des actions à mener puisqu’il s’agit d’une activité qui répond à des besoins de société qui sont évolutifs et varient selon les géographies et les entreprises que nous serons amenés à rencontrer. Il faut savoir s’adapter, être réactifs et créatifs ! Mais parmi les enjeux majeurs, nous pensons qu’il est primordial de favoriser une transition juste, afin de rendre accessible et abordable la transition écologique aux plus vulnérables. Nous avons aussi la chance d’accueillir de nouvelles expertises qui nous permettront d’élargir notre accompagnement sur les grands sujets de l’inclusion sociale et de l’inclusion financière. Enfin, nous souhaitons renforcer nos actions à l’international que ce soit par les contrats, les financements les investissements à impact. Et parmi nos grands enjeux, nous avons également celui de démultiplier nos collaborations avec de nouveaux partenaires et clients afin d’innover et d’accroitre, ensemble, notre impact positif collectif !
Cet article a été réalisé par notre réseau international le groupe BNP Paribas