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Nicolas Otton : « Jouer un rôle clé dans la mise en valeur des artistes de la scène française »

Publié le 29 Mars 2024 - Mis à jour le 03 Avril 2024

Partenaire Premium Officiel d’Art Paris 2024, BNP Paribas Banque Privée lance cette année le prix « BNP Paribas Banque Privée : un regard sur la scène française ». Nicolas Otton, directeur de BNP Paribas Banque Privée et président de Portzamparc, détaille ces engagements.
Propos recueillis par Philippe Régnier

Pourquoi avoir décidé de lancer le Prix BNP Paribas Banque Privée centré sur la scène française avec Art Paris ?
Nous sommes partenaire d’Art Paris depuis plusieurs éditions et pour la deuxième année consécutive, nous en sommes Partenaire Premium Officiel. Nous avions le souhait de nous engager davantage en soutenant la scène française. La sélection d’Éric de Chassey pour « Fragiles utopies. Un regard sur la scène française » est vraiment incroyable et j’ai découvert certains artistes à cette occasion. Cette année, nous lançons un prix dont la remise se fera pendant l’inauguration de la foire. Doté de 30 000 euros, il permettra de récompenser le parcours d’un ou d’une artiste choisi(e) parmi la sélection d’Éric de Chassey.

Participez-vous vous-même au jury ?
Absolument, et nous y avons aussi associé nos clients. 40 % d’entre eux sont collectionneurs et ont eu à coeur de donner leur avis. Ils ont été interrogés sur leurs préférences et nous en avons tenu compte dans notre vote. D’ailleurs, leurs avis et les nôtres étaient assez convergents.

Est-ce important pour vous de soutenir spécifiquement la scène française ?
Nous sommes convaincus que la scène artistique française contemporaine est riche de talents et que nous pouvons jouer un rôle clé dans la mise en valeur de ces artistes auprès des collectionneurs français et internationaux, puisqu’une large partie de nos clients sont eux-mêmes collectionneurs.

Organisez-vous aussi des visites de la Foire Art Paris pour vos clients ?
Absolument, l’année dernière, nous avons accueilli plus d’un millier de clients et nous allons doubler le nombre de badges pour cette année. Certains découvrent le salon, d’autres sont collectionneurs. L’intérêt pour l’art ne faiblit pas et notre volonté de créer un prix s’inscrit dans cette dynamique. Nos clients apprécient les événements culturels majeurs comme la Foire Art Paris. Ce partenariat est aussi pour nous l’occasion de rencontrer les exposants, les jeunes créateurs, les galeristes, et tous les acteurs majeurs de cet écosystème. Enfin, cela nous permet d’être encore plus pertinents dans nos conseils et l’accompagnement de nos clients.

Vous proposez justement au sein de BNP Paribas Banque Privée un service de conseil en art.
Que recouvre-t-il ?
BNP Paribas Banque Privée a près de 50 ans d’expérience en matière de conseil en art, un service auquel tous nos clients ont accès. Nous leur proposons un accompagnement sur-mesure aussi bien à l’achat qu’à la vente. Il existe en fait plusieurs typologies de clients. Certains souhaitent diversifier leur patrimoine dans l’art et, en fonction de leur budget, et de leur profil, nous pouvons leur proposer une approche personnalisée. Nous les guidons dans l’identification des galeries qui peuvent répondre au mieux à leurs attentes et nous les mettons en contact avec les bons interlocuteurs. Nous avons aussi des clients qui possèdent déjà des oeuvres, qui sont collectionneurs, et nous consultent pour la gestion de ce patrimoine. Nous les conseillons lorsqu’ils souhaitent céder des oeuvres, ou en prêter à des expositions. Par exemple, nous avons conseillé un couple qui a prêté deux oeuvres à l’exposition consacrée à Auguste Herbin qui vient d’ouvrir au musée de Montmartre à Paris.

Quelle forme prend spécifiquement ce conseil ?
C’est un dialogue que nous avons avec nos clients détenteurs d’oeuvres, et que nous mettons en contact avec les organisateurs d’expositions ou les responsables des musées.

Comment est organisé votre service de conseil
en art ?
C’est Alison Leslie qui est responsable du conseil en art chez BNP Paribas Banque Privée, avec plus de 30 ans d’expérience dans ce domaine. Tous nos banquiers privés peuvent solliciter son expertise pour accompagner les clients dont ils ont la charge.

Vous organisez aussi des visites d’expositions ou d’institutions…
BNP Paribas Banque Privée est très proche du monde de l’art. Nous organisons effectivement des visites, comme bientôt à la Fondation Louis-Vuitton ou dernièrement au musée d’Art moderne de Paris pour l’exposition Nicolas de Staël. Nous allons aussi nouer prochainement un partenariat avec le musée du Louvre, pour le faire découvrir et redécouvrir, y compris à nos clients parisiens.

Quelles autres formes prend votre engagement dans l’art ?
Nous avons aussi eu l’occasion l’année dernière de recevoir une artiste en résidence, Stéphanie Saadé, dans le cadre du programme du fonds de dotation du Centre Pompidou. L’oeuvre réalisée est actuellement exposée au Centre, avant de rejoindre ses collections. Nos collaborateurs et nos clients ont pu découvrir le superbe diptyque Traversée des états qu’elle a créé. Notre soutien pour l’art passe aussi par la Fondation BNP Paribas qui s’engage aux côtés d’artistes, qui encourage des événements culturels, et la création artistique. Elle a pour objectif d’offrir un accès à la culture au plus grand nombre grâce aux programmes qu’elle soutient, que ce soit à la Villa Médicis à Rome ou la Maîtrise de Radio France à Paris par exemple. Notre filiale Portzamparc est cette année un partenaire officiel du Salon du dessin qui se déroule en mars au Palais Brongniart à Paris.

Éric de Chassey : « De très bons artistes français ont du mal à être vu internationalement »

Le directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et chroniqueur de notre journal a été invité à livrer son regard sur la création hexagonale à travers une sélection de vingt et un artistes du parcours « Fragiles utopies » sur la Foire Art Paris.
Propos recueillis par Stéphane Renault

Pourquoi avoir choisi ce titre « Fragiles utopies » ?
Je voulais faire une sélection qui ne soit ni strictement iconographique ni à partir de ce qui, à mon avis, prend aujourd’hui beaucoup trop de place, c’est-à-dire l’identité des artistes, mais partir des œuvres. Il me semblait pertinent de mettre en valeur, y compris dans le cadre d’une foire, des œuvres dont l’intention n’est pas simplement décorative ou virtuose mais qui peuvent nous aider à penser le monde, proposer des utopies. La sélection devait porter sur l’ensemble de la Foire, à la fois les artistes vivants et les artistes passés depuis le début du XXe siècle. Il me semblait intéressant aujourd’hui de faire une sélection qui n’est pas la version dont on a peut-être plus l’habitude – la version triomphante et avec des prolongements qui ont pu être du côté des totalitarismes –, mais avec une dimension plus fragile, d’où ce titre. Il ne s’agit pas d’un cours d’histoire de l’art ou d’une exposition thématique. Il s’agit de proposer un parcours dans la Foire en mettant en valeur quelques œuvres qui paraissent particulièrement intéressantes. J’assume totalement le fait que cela soit une question de choix individuel.

« CE PARCOURS EST UNE MANIÈRE DE RALENTIR LE REGARD, DE SIGNALER DES OEUVRES QUI SONT PEUT-ÊTRE MOINS IMMÉDIATEMENT VISIBLES. »

Selon quels critères avez-vous sélectionné les vingt et un artistes du parcours parmi celles et ceux de la scène française présentés cette année à Art Paris ?
Il y avait des artistes qui, pour moi, à partir du moment où je traitais de ce thème, devaient être présents. J’ai pensé tout de suite à Sonia Delaunay, à Maria Helena Vieira da Silva… Je suis parti du principe de ne prendre qu’un seul artiste par galerie, ce qui a conduit à des arbitrages dans un certain nombre de cas. J’ai alors plutôt privilégié les artistes moins montrés ou plus jeunes. Je voulais, par exemple, montrer Philippe Favier, un artiste de la scène française qui me semble vraiment important, représenté par Bernard Chauveau [Galerie 8+4]. J’avais ma liste de vingt artistes lorsque est décédée Vera Molnár, que j’ai ajoutée pour lui rendre hommage alors que le Centre Pompidou lui consacre une exposition.

Cette sélection compte de grands noms mais met aussi dans la lumière des artistes moins connus, et parmi eux des femmes.
Je ne voulais effectivement pas de limitation par médium ou par genre. Après, c’est une question d’équilibre. Par exemple, je connaissais Juliette Roche par l’intermédiaire de son mari, le peintre cubiste Albert Gleizes. Or, j’ai revu un de ses tableaux dans l’exposition du musée du Luxembourg, il y a quelques années, sur les artistes femmes. J’étais intéressé par cette peinture qui ne me semble pas tellement appartenir à des choses qu’on voit en France, mais plutôt aux États-Unis. Lorsque j’ai su que la galerie Pauline Pavec allait représenter sa succession, je me suis dit que c’était une excellente nouvelle, et j’ai décidé de l’inclure dans cette sélection pour la montrer.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la création hexagonale ?
Je ne suis pas très intéressé par les questions de nationalité, mais par les questions de culture, la manière dont les artistes s’insèrent dans des contextes. Mais je note que beaucoup de très bons artistes français ont un peu de mal à être vus internationalement. Et ça vaut aussi pour des artistes historiques. Jean-Michel Alberola, par exemple, n’a pas du tout la place qu’il mériterait d’avoir internationalement.

À quoi attribuez-vous ce déficit de reconnaissance à l’international ?
On continue à vivre sur des préjugés anciens, fondés sur l’idée qu’il n’y aurait qu’une seule capitale de l’art et qu’elle aurait basculé de Paris à New York au tournant de la moitié du XXe siècle. Quelques organisateurs d’expositions français sont vraiment visibles internationalement mais ils ne sont pas nombreux. C’est en particulier le cas dans les musées. Le système même des musées en France fait que l’on a tendance à avoir des conservateurs français dans les musées français. Ils ne partent pas à l’étranger, donc leurs réseaux internationaux sont peu naturels. Peut-être faut-il également poser la question de l’engagement des collectionneurs français, qui ont du mal à dépasser un certain montant. Et lorsque c’est le cas, ils ont tendance à se concentrer sur ce qui est visible à l’extérieur de leur pays plutôt qu’à essayer de faire des découvertes en France. Il y a des exceptions, mais elles ne sont pas si nombreuses. Enfin, je constate que souvent, dans les foires internationales, les galeries françaises ne montrent pas leurs artistes français. C’est compliqué : si elles les montrent, elles ne les vendent pas forcément très bien. Du coup, elles ont tendance à se concentrer sur ce dont elles pensent que cela va pouvoir fonctionner internationalement, donc sur les artistes qui sont validés internationalement. Il existe une sorte de cercle vicieux.

On a dit la peinture morte. Or, force est de constater qu’elle fait son grand retour depuis quelques années, ce que reflète votre sélection.
Il y a un retour de la peinture, effectivement, mais comme je l’ai écrit dans The Art Newspaper, cela donne le retour de beaucoup de très mauvaise peinture ! Je n’ai jamais vu de disparition,
Juliette Roche, Femmes et oiseaux dans un parc, 1918. Courtesy Galerie Pauline Pavec
Jean-Michel Alberola, Vladimir Tatlin 1, 2021. Courtesy Templon
j’ai constaté une difficulté des institutions françaises à mettre en valeur les peintres.
La sélection pour ce parcours comporte une majorité de peintures, mais ce n’était
pas mon intention première. J’ai cherché à sortir de mes terrains battus, des artistes
dont je suis proche depuis longtemps. Mais Art Paris est une foire qui présente
essentiellement de la peinture, ce dont ma sélection est le reflet, de manière très
circonstancielle.


Que vous inspire la place grandissante d’Art Paris ?
La raison pour laquelle je me suis prêté au jeu de ce parcours, comme Nicolas
Tremblay et mes prédécesseurs, est liée au fait que nous avons vu une montée en
qualité de la Foire, grâce à son directeur Guillaume Piens et à ses équipes. Par
ailleurs, dans une foire, les visiteurs vont très vite et ont tendance à voir les choses les
plus spectaculaires. Ce parcours est une manière de ralentir le regard, de signaler des
oeuvres qui sont peut-être moins immédiatement visibles. Je trouve que c’est une très
bonne initiative. La création du Prix BNP Paribas Banque Privée, attribué à l’un des
artistes de ce parcours « Fragiles utopies », est aussi un excellent signal.

The Art Newspaper, avril 2024

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