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L’Euro future monnaie verte ? Ou comment l'Europe domine les obligations durables

BNP Paribas - Portail des études économiques
Publié le 03 octobre 2025 - Mis à jour le 03 octobre 2025
Temps de lecture : 5 minutes 12 secondes

En 2025, l’euro est la monnaie dominante pour les émissions d’obligations vertes, loin devant le dollar. En Europe, le marché reste en forte progression, porté par la transition écologique…

Pourquoi ce leadership européen ? Et surtout, est-ce que cela peut durer dans le contexte géopolitique actuel ?

TRANSCRIPTION

CIaire d'Izarny-Gargas : L’euro, future monnaie verte ? Bonjour et bienvenue dans Eco dans le texte le podcast des Études Économiques de BNP Paribas. Je suis Claire… et je reçois Jean-Luc Proutat, Responsable des Projections économiques.

Bonjour Jean-Luc

Jean-Luc Proutat : Bonjour Claire

Aujourd’hui nous allons découvrir dans L’euro, future monnaie verte ? pourquoi l’Europe domine les obligations durables.

En 2025, l’euro est la monnaie dominante pour les émissions d’obligations vertes, loin devant le dollar. En Europe, le marché reste en forte progression, porté par la transition écologique…

Pourquoi ce leadership européen ? Et surtout, est-ce que cela peut durer dans le contexte géopolitique actuel ?

Jean-Luc Proutat : Rappelons peut-être brièvement ce qu’est une obligation dite « verte » : c’est un titre de dette émis par une société qui s’engage à respecter un certain nombre de bonnes pratiques dans les domaines environnementaux, sociaux et de gouvernance, regroupés sous le sigle ESG.

Comme vous l’avez dit, ce marché est en forte expansion : sa taille a plus que triplé depuis 2020 et représente aujourd’hui 3.000 milliards de dollars au niveau mondial. En 2025, il continue de progresser assez vite puisque l’on anticipe 660 milliards de dollars d’émissions nouvelles.

Fait remarquable, alors que le dollar reste la monnaie de référence sur de nombreux marchés, c’est ici l’euro qui domine. D’après la Banque des règlements internationaux, la monnaie unique libelle près de la moitié des encours.

CIaire d'Izarny-Gargas : Quelles sont les raisons d’une telle domination ?

Jean-Luc Proutat : On peut en citer deux. D’abord, avec le Green Bond Standard européen (EuGBS), les obligations vertes bénéficient en Europe d’un cadre réglementaire solide, et qui s’est renforcé récemment.

C’est un point important aux yeux des investisseurs, car cela conforte la crédibilité des politiques qu’ils contribuent à financer. Cela réduit notamment le risque d’habillage - ce que l’on appelle aussi le greenwashing - et augmente la transparence du marché.

Les études récentes tendent d’ailleurs à prouver que les entreprises qui s’engagent dans des investissements durables obtiennent de meilleurs résultats, notamment en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.

La deuxième raison, qui est un corollaire de la première, c’est que l’intérêt pour la finance durable ne se dément pas en Europe, peut-être du fait qu’elle a été pionnière en la matière. La diffusion des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) obéit à une tendance lourde pas seulement dictée par les États mais aussi par les attentes du secteur privé.

En Europe, les critères ESG font depuis longtemps partie du « business as usual » pour bon nombre d’entreprises.

CIaire d'Izarny-Gargas : L’évolution du contexte international, notamment de la politique américaine, est pourtant moins favorable à l’investissement durable ; comment expliquer cette résistance ?

Jean-Luc Proutat : Aux États-Unis, l’Administration Trump est effectivement partie en guerre contre les critères ESG, qu’elle considère comme une distorsion de concurrence face aux investissements traditionnels, en particulier dans les énergies fossiles.

On constate néanmoins que les grands gestionnaires d’actifs « invités » à ne plus privilégier les placements responsables aux États-Unis, maintiennent leur offre ailleurs, quand ils ne la renforcent pas.

En réalité, au-delà des discours politiques, il est difficile d’aller contre une tendance de fond qui est celle de la transition énergétique, que l’on voit s’opérer partout, pas seulement en Europe, mais aussi en Chine.

Les décideurs publics freineraient-ils l’expansion du marché des green bonds qu’ils agiraient contre leur propre intérêt. De plus en plus souvent, les agences de notations intègrent les trajectoires de réduction d’émissions de CO2 dans leurs évaluations de la dette des États, les mieux-disants minimisant le risque de transition désordonnée et obtenant, ainsi, de meilleurs ratings

Sur les marchés, les primes à l’émission d’obligations vertes (greenium) restent variables et, globalement, modestes (quelques points de base). Mais ce début de reconnaissance est à souligner, à l’heure où la question de la soutenabilité des finances publiques refait surface.

CIaire d'Izarny-Gargas : Jean-Luc, nous comprenons que l’Europe est en bonne voie pour conserver son leadership et que le contexte géopolitique actuel a finalement peu d’effets sur la réalité de la transition énergétique que l’on voit partout à l’œuvre dans le monde. Deux mots de conclusion peut-être ?

Jean-Luc Proutat : En résumé, même par vent contraires, la finance responsable et durable n’en continue pas moins d’avancer.

Moins bienvenue aux États-Unis, elle se redéploye au bénéfice de sa place forte traditionnelle : l’Europe. Tout comme les pétrodollars ont pu contribuer, il y a cinquante ans, à l’internationalisation du dollar, la transition écologique pourrait bien, dans le futur, consacrer l’euro en tant que véritable monnaie « verte ».

CIaire d'Izarny-Gargas : Merci Jean-Luc, merci à tous nos aux auditeurs.


Comme d’habitude, nous vous invitons à consulter le site des Études Économiques du groupe BNP Paribas pour aller plus loin.

Et en particulier à découvrir toutes les publications que Jean-Luc Proutat a consacré à ce sujet, les liens sont en description.

L'Euro, futur véritable billet vert ? - 2 juin 2025

Trois bonnes raisons de continuer à croire aux obligations vertes - 21 mai 2025

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