La détente des taux longs en cette fin d’année 2023 provoque une envolée des émissions obligataires de la part des entreprises américaines et européennes.
SOMMAIRE
- Les émissions d’obligations d’entreprises ont bondi au mois de novembre
- Le retournement de tendance a été total en à peine quelques semaines
- Les besoins de refinancement des entreprises demeurent colossaux
- Pourquoi les entreprises se précipitent-elles sur les marchés obligataires ?
En Europe et aux États-Unis, ce sont pas moins de 246 milliards de dollars d’obligations qui ont été émises au cours du mois de novembre. Ce qui représente une hausse de 57% par rapport au mois d’octobre 2023. Les entreprises, des plus aux moins solides financièrement, ont retrouvé le chemin des marchés. Ce changement de comportement reflète l’évolution récente des attentes en matière de taux d’intérêt. Avec la détente de l’inflation et les premiers signes de détente de l’emploi aux États-Unis, les marchés sont convaincus que les hausses de taux sont terminées. Ils tablent même sur les premières baisses de taux par les banques centrales dès le printemps 2024 ou un peu plus tard.
Retournement complet
En fin de compte, le marasme lié au higher for longer, à savoir la crainte de voir les taux se maintenir pendant longtemps à un niveau élevé, aura été de courte durée. L'inflation se calme, ce qui devrait conduire à des baisses de taux. Un revirement d’opinion total en quelques semaines ! Il n’en faut pas plus pour que de nombreuses entreprises, confrontées à de gigantesques besoins de refinancement au cours des cinq prochaines années, souhaitent profiter de la détente des taux longs. Ce contexte offre en effet un vrai ballon d’oxygène après plus d’un an de désastre sur les marchés obligataires en raison de la flambée des taux depuis la sortie du covid et l’éclatement de la guerre en Ukraine.
Des besoins gigantesques
Ajoutons que la frugalité des deux dernières années engendre une augmentation des besoins de refinancement des entreprises. Et ce, tant pour les sociétés les mieux notées que pour les entreprises de moins bonne qualité. Les chiffres relatifs au mur de dettes sont spectaculaires (voir graphique) et il est dès lors bien compréhensible que les entreprises aient peur de rater l’accalmie sur les taux. D’autant plus que la situation peut se dégrader à nouveau très rapidement. Par un retour inattendu de l'inflation, par exemple, ou tout simplement en raison d’un contexte géopolitique qui n'a jamais été aussi instable qu’en cette fin d’année 2023 !
Fenêtre d'opportunité
La peur de rater la fenêtre d’opportunité semble convaincre les entreprises de se lancer à l’assaut des marchés au plus vite. Elles savent aussi très bien que lorsque les taux longs se détendent, l’appétit pour le risque revient. Il n’y a pas de meilleur moment pour émettre et placer avec succès ses propres obligations. Beaucoup veulent ainsi profiter de ce répit inattendu pour commencer à refinancer les montagnes de dettes qui arriveront à échéance dans les années à venir. Elles savent aussi que rien n’est certain dans le monde actuel et font dès lors preuve d’opportunisme.
Cet article a été réalisé par Sylviane Delcuve pour BNP Paribas Fortis.