En plein essor, les fonds ISR (investissement socialement responsable) restent encore méconnus par une partie des épargnants. Pour les accompagner, les acteurs du marché déploient de nouvelles solutions. L’objectif? Éclairer les particuliers sur leurs décisions de placement.
La crise sanitaire a accéléré une tendance émergente : l’essor d’une finance durable. 45 % des actifs gérés en Europe l’année dernière intégraient un critère ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance) selon une étude de l’EFAMA (Association européenne des fonds et de la gestion d’actifs). « Dans nos sociétés basées sur l’économie de marché, la transition vers une économie bas-carbone et inclusive […] doit passer par une action collective », rappelait Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française, dans un récent article publié par le Centre des Professions financières. « Chacun, particulier ou entreprise, doit se mobiliser et saisir les possibilités de financement disponibles afin de contribuer à son niveau à la transition vers une économie bas-carbone. »
Si les initiatives des banques en faveur de l’investissement responsable se multiplient, leurs clients en ont-ils connaissance ? Selon l’enquête Ifop réalisée à l’été 2020 pour Vigeo Eiris et le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR), près de deux Français sur trois déclarent accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements – une tendance stable par rapport à 2019. Et pourtant, en dépit de l’intérêt affiché pour ces thématiques, le concept d’ISR n’est connu que d’une personne interrogée sur trois. Dès lors, que peuvent faire les banques ?
Pour aller plus loin, le point de vue de Guillaume Pietruschi, directeur de l’Offre Financière chez BNP Paribas Banque Privée.
Les épargnants sont parfois perdus entre les différents labels et certifications. Comment les aider à trouver leurs repères ?
Guillaume Pietruschi : La multiplication des labels ISR est en soi le signe d’une vraie dynamique autour de ce type d’investissement, avec la volonté de mieux définir ce que l’on entend par durable ou responsable. Ces labels se basent sur des cahiers des charges précis pour évaluer l’impact des produits d’épargne.
Le revers de la médaille, c’est qu’il devient difficile de s’y retrouver. C’est un enjeu sur lequel nous travaillons. Nous apportons de nouvelles solutions pour aider les épargnants à s’y retrouver.
Quelles sont justement les initiatives pour y voir plus clair ?
Chez BNP Paribas, je peux en citer deux principales, deux approches complémentaires pour guider les épargnants dans leurs choix. Tout d’abord, le questionnaire en ligne myImpact permet aux épargnants de sélectionner les objectifs de développement durable avec lesquels ils ont le plus d’affinités, de manière simple et rapide. En fonction de leurs réponses, nous leurs présentons des solutions financières en phase avec leurs convictions.
Ensuite, notre indicateur d’impact global « Les Trèfles » est une méthodologie exclusive, résultat de la compilation de toutes les données quantitatives à notre disposition sur les entreprises, en suivant les critères ESG, et de données qualitatives issues de questionnaires et d’entretiens avec les sociétés de gestion de fonds. Sur la base de 120 critères, nous avons classé les instruments financiers sur une échelle de 0 à 10 trèfles.
Nous avons commencé par « tréfler » les OPC puis les actions. Nous allons poursuivre avec les obligations ainsi que les fonds en euros des assurances-vie, lesquels représentent une large partie des placements des épargnants français. Nous voulons être capables d’accompagner nos clients avec la mesure du niveau de durabilité de l’ensemble de leurs actifs.
En quoi le « tréflage » est-il un complément indispensable à myImpact ?
myImpact permet à chaque client de définir son profil en fonction de ses attentes ESG et de l’intention d’impact qu’il souhaite avoir. En regard, le « tréflage » note les produits d’investissement selon leur propre niveau d’impact. En conjuguant les deux, nous faisons correspondre les besoins des épargnants et les produits financiers susceptibles de les intéresser. Cela répond à leurs attentes. La preuve : plus d’un client sur deux a investi dans une des propositions suggérées à la fin du questionnaire myImpact.
Dans le secteur bancaire autant qu'ailleurs, la personnalisation de l’offre est devenue essentielle. Comment adaptez-vous votre gamme à la sensibilité de chaque client ?
Le digital permet aujourd’hui d’aller plus loin dans la personnalisation en termes d’information, de conseils, de simulation d’investissements.
En ce qui concerne la gestion sous mandat, nous avons développé une offre digitalisée baptisée MyMand@te. Elle permet à l’épargnant d’indiquer ses critères et préférences d’investissement avec une grande précision parmi de nombreuses thématiques. Plus d’un client sur deux choisit notamment l’ISR. Grâce aux outils digitaux, nous parvenons à simuler des portefeuilles modèles ultra-personnalisés. Cette forme de gestion hybride se développe fortement. Elle bénéficie du meilleur des deux mondes : une certaine liberté de choix pour l’épargnant et la garantie d’une gestion menée par un professionnel.