Messages clés
•Une baisse de taux historique à bien des égards.
•La BCE reste dépendante des données économiques. Pas d'engagement sur un calendrier de futures baisses de taux.
•Nous prévoyons deux autres baisses de 25 points de base cette année (septembre et décembre) et trois l'année prochaine.
Comme prévu, la BCE a baissé ses taux d'intérêt de 25 points de base le 6 juin. Les taux directeurs sont désormais de 3,75 % pour le taux de dépôt, de 4,25 % pour le taux de refinancement et de 4,50 % pour le taux de prêt. Ces taux correspondent respectivement aux taux auxquels les banques commerciales peuvent déposer de l'argent auprès de la BCE au jour le jour, emprunter de l'argent auprès de la BCE pendant une semaine et enfin au jour le jour.
Cette décision, bien que prévue est historique. Premièrement, c'est la première fois dans l'histoire que la BCE baisse ses taux avant la Réserve fédérale américaine. Deuxièmement, parce qu’elle baisse les taux alors que la croissance s'accélère et que le chômage est à un niveau historiquement bas. Troisièmement, parce qu’elle baisse ses taux tout en revoyant à la hausse ses prévisions d'inflation globale et sous-jacente cette année et l'année prochaine. Les projections de la BCE tablent désormais sur une inflation globale moyenne de 2,5 % en 2024, de 2,2 % en 2025 et de 1,9 % en 2026. L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) devrait atteindre en moyenne 2,8 % en 2024, 2,2 % en 2025 et 2,0 % en 2026.
Néanmoins, la BCE a estimé que la baisse des taux était nécessaire pour modérer le degré de restriction monétaire sur la base de son analyse à trois piliers : l'évaluation des perspectives d'inflation, la dynamique de l'inflation sous-jacente et la vigueur de la transmission de la politique monétaire. La BCE a acquis une plus grande confiance dans ses modèles de prévision de l'inflation, ce qui lui permet d’agir plus en anticipation plutôt que de réagir aux données passées. La prévision d'inflation de la BCE à moyen terme (2026) est de 1,9 % pour l'inflation globale et de 2 % pour l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire inférieure à l'objectif de 2 %.
Cependant, la BCE reste dépendante des données économiques et est probablement gênée par le fait que la Fed semble encore à des mois d’une baisse des taux. La présidente de la BCE s’est efforcée de calmer les attentes. Christine Lagarde a fait preuve de prudence lors de la séance de questions-réponses. Alors qu’elle est confiante quant à la baisse de la croissance des salaires, elle reste hésitante à confirmer le début du cycle de baisse des taux, probablement pour ne pas générer de la volatilité sur le taux de change EUR/USD.
Notre scénario est que le ralentissement de l'inflation permettra à la BCE de baisser encore deux fois ses taux cette année (septembre et décembre) ainsi que trois fois l’année prochaine. Nous anticipons la fin du cycle fin 2025, lorsque le taux de dépôt atteindra 2,50 %, ce qui est proche du taux neutre, ni accommodant ni restrictif.
Édouard Desbonnets,
Senior Investment Advisor
BNP Paribas Wealth Management